Fra Angelico- Firenze-Italie
Les voix du ciel...
Je ne sais ce que j'écris quand j'écris de telles choses.
Les voix du ciel, je voudrais bien les entendre,
mais pour l'instant c'est impossible.
Il faudra que j'accomplisse ce pas minuscule que tu as accompli
dans la matinée du 12 août 1995,
il faudra qu'à mon tour j'aille voir de l'autre côté
de l'air et de la lumière.
En attendant ce jour, je n'ai que cette terre pour réfléchir.
En attendant, tout se passe ici, maintenant
comme dit la vieille prière:
"maintenant et à l'heure de notre mort"
J'aime cette formule usée, vieillotte,
ces trois mots agglomérés comme trois
morceaux de cire fondue au bas d'un chandelier.
"maintenant" et à "l'heure" de notre "mort"
Le temps dans cette prière n'est fait que de ces instants:
l'instant présent et l'instant de mourir.
l'avenir n'est rien. Le passé n'est rien.
Il n'y a que l'instant présent jusqu'à ce que celui-ci
coïncide avec celui de notre mort.
L'amour est encore la meilleure façon d'employer cet instant.
Une manière d'exister auprès de ce que la vie a de plus faible et de plus doux.
Christian Bobin-La plus que vive-Gallimard-p92-93
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