Que faire alors de cette douleur ? Bien sûr, être accompagné, pouvoir dire sa peine dans une oreille attentive, pouvoir se tenir à une main amie aide, sinon à ne plus se sentir seul dans cette souffrance, mais à s’appuyer, à reprendre pied, à reprendre souffle.
Toutefois cela reste parfois insuffisant pour ne plus être blessé par la seconde flèche. Là, je dois agir, reconnaître la douleur, accepter qu’il y ait cette souffrance dans ma vie. Un ami chrétien me disait : « Je dirais de déposer sa douleur au pied de la Croix. Car Jésus s’est offert pour porter ce qui nous est insupportable. » Pour un bouddhiste, entrer dans le face-à-face silencieux avec le Bouddha au cours de la méditation apporte calme et apaisement.
Et alors, peut-être, après avoir été consumé par cette traversée de la douleur, après que l’acceptation a rafraîchi nos brûlures, lorsque nous avons reconnu la nouvelle force que cette traversée nous a apportée, alors peut-être pourrons-nous tourner la tête et prendre conscience de l’universalité de cette douleur, voir tous les autres qui sont eux aussi emportés dans ce courant de la souffrance – peut-être, après avoir traversé la douleur, pourrons-nous retourner dans la douleur pour tendre la main à celui qui s’y perd... Le début de la compassion ?
Joshin Luce Bachoux, nonne bouddhiste, anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche.
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