Le Père Séraphim me serra fortement les épaules et dit :
- Vois! Nous sommes, en cet instant même, tous les deux dans la plénitude de l’Esprit-Saint! Pourquoi ne me regardes-tu pas?
- Petit père, lui dis-je, je n’y arrive pas! Des éclairs jaillissent de vos yeux! Votre visage est plus resplendissant que le soleil! Les yeux me brûlent comme une fournaise!
- N’ayez pas peur, dit le Père Séraphim. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi. Vous aussi, vous êtes à présent dans la plénitude de l’Esprit Saint. S’il en était autrement, vous n’auriez pas pu me voir ainsi.
Il inclina la tête vers moi et me murmura doucement à l’oreille :
- Remerciez le Seigneur de nous avoir donné cette grâce ineffable. Avez-vous remarqué? Je n’ai pas eu à faire un seul signe de croix. Simplement, dans mon cœur, dans ma pensée, j’ai prié le Seigneur : « Mon Dieu, rends-le digne de voir avec ses yeux de chair la venue de ton Esprit Saint, comme Tu l’as fait voir à tes serviteurs élus lorsque Tu daignas leur apparaître dans la magnificence de ta gloire! »
- Que sentez-vous à présent? me demanda le Père Séraphim.
- Je me sens extraordinairement bien!
- Mais comment cela : bien? En quoi consiste ce bien?
- Je ressens dans mon âme un tel silence, une telle paix… Je ne peux les décrire par des mots.
Mais, me demanda le Père Séraphim, que ressentez-vous d’autre que cette paix?
- Une douceur extraordinaire…
Et que sentez-vous encore?
- Tout mon cœur déborde d’une joie indicible.
- Oui, c’est cela, continua le Père Séraphim. Lorsque le Saint Esprit descend vers l’homme et le couvre de la plénitude de ses dons, l’âme se remplit d’une inexprimable joie. Car tout ce qu’il touche, le Saint Esprit le recrée en joie!…
Vous m’avez dit tout à l’heure qu’il faisait chaud comme aux bains. Eh bien, pourtant, regardez autour de nous! Vous voyez : la neige qui couvre nos épaules ne fond pas, pas plus que celle qui est sous nos pieds. Ce n’est donc pas dans l’air que se trouve cette chaleur, mais à l’intérieur de nous. C’est la chaleur que l’Esprit Saint nous pousse à demander quand nous adressons à Dieu cette prière : « Que ton Saint Esprit me réchauffe! »
L'entretien avec Motovilov, Orbey, éditions Arfuyen, 2002.
Source :Blog de Jacques Gauthier
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