dimanche 28 avril 2019

CHRISTIAN BOBIN- NAÎTRE- MOURIR- NOTRE FRAGILITE

« Ce qui naît, c'est ce qui meurt. Alors peut-être que ce qui meurt est ce qui naît ? C'est une vraie interrogation. La main invisible qui nous donne la vie, qui nous offre les nuages, la pluie d'été, un poème inestimable, la surprise d'une amitié qui traversera toute notre existence, je sais que cette main est paradoxale. Elle donne et prend en même temps, elle offre et elle efface, elle fait apparaître et disparaître dans la même seconde. L'écriture me semble avoir son intérêt quand elle arrive à saisir ce double trait qui est celui de toute notre vie : le noir et le blanc, la douleur et la joie, l'effroi et la merveille à leur point de jonction, avant que la beauté n'aille d'un côté et la peur de l'autre. Si nous sommes sûrs d'être éternels, c'est précisément parce que nous éprouvons que nous sommes mortels. Dans ce sentiment de notre fragilité, nous connaissons notre éternité. Les choses qui se présentent comme dure, solides et défiant le temps, sont celles qui seront livrées à la ruine et à la rouille, que ce soit les grands palais ou les ambitions, voire nos volontés dès qu'elles se crispent. Et celles qui semblent sans poids, qu'un rien peut chasser tel un sourire sur un visage, témoignent de ce qui traverse la vie et la mort. 
Et qui continue... »

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