dimanche 10 mai 2015

NAISSANCE-FETE DES MERES



Et des milliers de bourgeons viennent voir ce qui se passe au monde
Car la curiosité de la Terre est infinie.
Et l'enfant naît et sa petite tête mal fermée encore
Se met à penser dans le plus grand secret parmi les grandes personnes tout occupées de lui.
Et il est tout nu sous la pression exigeante de la lumière du jour
Tournant de côté et d'autre ses yeux presque aveugles au sortir de la nuit maternelle,
Emplissant la chambre, comme il peut, de ce vagissement venu d'un autre monde.
Et bien que parachevé, il s'ouvre encore à la fragilité dans ses délicates fontanelles
Tout en fermant très fort ses petits poings comme un homme barbu qui se met en colère.
Et sa mère est une géante bien intentionnée qui se dresse dans l'ombre et l'assume dans ses bras,
Encore stupéfaite d'entendre cette chair séparée qui a maintenant une voix,
Comme un pêcher qui entendrait crier sa pêche,
Ou l'olivier, son olive.

SUPERVIELLE (extrait)

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