chair avant qu'un orage la déchire.
Ce qui m'étonnait le plus était l'invraisemblable
couleur de la fleur d'églantier : rose comme le
souffle d'un ange, son haleine rendue visible pour
peu de temps.
Une promesse dont on ne pouvait douter.
Une lettre comme dans les vieux romans d'amour.
Ah, ce rose, ce rose ! La couleur d'une fleur est la
manière qu'elle a, propre aux timides,
de pousser brutalement son âme en avant d'elle,
vers nous. Ce rose entrait effrontément dans ma
pensée, la remplaçait même, inscrivait dans mon
cerveau quelque chose d'aussi solide qu'une parole
sainte - allant dans le même sens déraisonnable. Je
le contemplai longtemps puis je revins aux livres,
tournant leurs pages, espérant y trouver une clarté
aussi convaincante que celle qui peu à peu se retirait
du jardin. Les poèmes traversent les murs. Les
fantômes ont les joues rosées. Il y a un paradis pour
les fleurs, sûrement.
Christian Bobin
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