Enfin, ce qui m’a aidée à retrouver la paix, c’est l’attention aux détails, à toutes les petites choses du quotidien qui prouvent que la vie est davantage que le malheur qui m’est arrivé. C’est cette nouvelle plante que j’ai découverte dans le jardin le jour de l’anniversaire de la mort de mon fils, c’est cette lettre d’encouragement dans ma boîte aux lettres, alors que j’étais effondrée de chagrin… Ce sont toutes ces coïncidences, comme des cailloux blancs dans un champ de décombres. Nous les voyons tous, mais nous avons tendance à les minimiser : “Ce n’est rien par rapport à l’horreur que je vis.” Je crois que c’est le contraire.Ces petits cailloux deviennent des repères, qui couvrent peu à peu le terrain dévasté. Il y a une vitalité immense dans les détails. Quand tous vos repères ont volé en éclats, c’est comme si soudain la vie vous montrait qu’il y a encore du possible. Au fil du temps, ces instants d’accalmie deviennent plus nombreux et plus longs que les moments de déchirure, la mort cesse d’être obsédante, se lever chaque matin n’est plus un exploit…Aujourd’hui, j’ai repris pied dans la vie, j’arrive à me projeter, à rire. Il ne s’agit pas de croire que j’oublie mon malheur et mon enfant disparu. Au contraire, il n’a jamais été aussi près de moi. C’est cela, je crois, être en paix : avoir la sensation, enfin, que l’autre est vivant, mais autrement : en nous. »
LYTTA BASSET-Ce lien qui ne meurt jamais-extrait- coll Albin Michel
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