vendredi 15 juin 2012

OLIVIER CLEMENT

Certainement. Le grand âge est donné à l'homme pour qu'il se pacifie et essaye de dépasser toutes les détestations et acrimonies qu'il a pu accumuler dans sa vie. Et pour qu'il redevienne -positivement- comme un enfant. C'est-à-dire comme quelqu'un qui vit dans l'instant. Qui ne se projette pas dans l'avenir, mais vit dans l'attente confiante de l'ultime.



Vous-même, comment vivez-vous l'approche de la mort ?
Très fortement, me semble-t-il. Pour moi, ce n'est ni décourageant ni accablant, bien au contraire. Je crois profondément que nous serons tous accueillis par le Christ ressuscité. Je sais qu'Il m'attend, qu'Il sera là. J'ai une grande confiance. Mais je ne me cache pas que mes derniers instants seront peut-être difficiles. Dans la liturgie orientale, nous demandons la grâce d'une mort paisible, si possible entouré des siens. Je me réjouis à ce sujet qu'après avoir longtemps refoulé la mort, nos contemporains se soucient davantage de l'entourer de la présence, des paroles et des gestes requis.


Les personnes qui sont "revenues" de la mort, parce que les médecins les en ont arrachées in extremis, évoquent une lumière incomparable et une grande félicité...


Il faudrait nuancer ces propos, mais cela ne contredit pas ce qu'enseigne la tradition chrétienne. A ce sujet, laissez-moi évoquer une belle légende moyen-orientale. Elle dit que lorsque quelqu'un va mourir, Dieu lui envoie l'ange de la mort pour qu'il prenne son âme. Cet ange a des ailes couvertes de paires d'yeux. Parfois Dieu change d'avis. Il rappelle l'ange, qui, en partant, détache une paire d'yeux et les donne à celui ou celle qui, revenu du trépas, désormais voit toute chose avec ces yeux-là. Ce regard transparent : n'est-ce pas ce que nous devons rechercher dès maintenant ? ∎


Propos recueillis par Jean-Claude Noyé -OLIVIER CLEMENT

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