mardi 14 juin 2016

LA PATIENCE...


La patience, en réalité, nous grandit quand elle n'est plus comprise comme une résignation,une sorte de crispation pour mieux tenir. La patience libère une force muette, un contrepoint à notre anxiété comme à la brutalité de certains événements. Elle signifie que le monde ne s'arrête pas aux premières évidences. Elle nous parle de cette espérance qui ne ressemble en rien à l'espoir avide, mais qui reste liée à l'intuition du coeur, à l'intelligence sans cesse en éveil, au regard qui cherche toujours plus loin. Je souffre aujourd'hui parce que je ne sais pas entendrece qui demain m'apparaîtra clairement. La patience s'appuie sur une continuité secrète, elle dit l'obscurité du présent, ou plutôt notre surdité, mais elle affirme dans le même temps notre refus de l'immédiateté sommaire des événements. Ils disent autre chose qu'eux-mêmes, ils recèlent une parole, un appel, ils sont toujours l'enfantement douloureux d'une promesse à venir, le passage obligé à un autre stade du réel qui n'apparaît pas dans sa totalité. 

Il nous faut grandir, croître encore, et nul ne saurait faire l'économie de la souffrance qu'implique tout changement. Elle aussi est notre seule façon d'entendre, vraiment, c'est-à-dire avec notre chair. Non pas comme une pédagogie du châtiment, mais de l'inscription vivante, avec la lenteur inhérente à toute croissance et à un enracinement durable. 

Philippe Mac Leod est écrivain et a publié plusieurs livres et recueils de poésie. Son dernier ouvrage, Poèmes pour habiter la terre est paru chez Le Passeur.

LE SONGE DE JACOB....

Jésus reprend cette image du songe de Jacob. Il dit à ses contemporains : « Vous verrez le ciel ouvert et les anges monter et descendre sur le Fils de l’Homme. ».*
Une petite fille me demandait un jour si « le ciel était mou » ou s’il était « dur ». C’était par une nuit étoilée d’août. Elle voulait savoir si le ciel était ouvert ou s’il était hermétiquement fermé, s’il y avait une autre réalité que ce monde ci, quelque chose qui communique de l’un à l’autre, un passage…
Depuis, j’ai compris que notre songe à tous, c’est de savoir si le ciel est mou, s’il est ouvert, s’il est habité, s’il y a quelqu’un. Nous « rêvons », nous espérons que ce soit le cas… Avec Jésus, le rêve s’est fait réalité. Il est l’échelle de Jacob, celui qui établit la communication, le passage. Il relie Dieu et l’humanité.
Alors, attention aux rêves, ils peuvent se réaliser !

* Jn 1, 51
Méditation enregistrée dans les studios de Radio RCF Bruxelles.

mardi 7 juin 2016

ALEXANDRE JOLLIEN-TEXTE


Vivre à fond ce qui nous trouble, sans nier quoi que ce soit, et avancer dans une extrême douceur, voilà le défi. J’ai longtemps eu en horreur la notion d’acceptation. Souvent, nous croyons qu’il s’agit de nous amputer de nos émotions, de leur tordre le cou. 
Accepter, c’est avant tout les voir, accueillir, comme si elles étaient nos enfants, sans les juger. Ainsi, quand le chagrin me visite, au lieu de le fuir à tout prix, faire l’expérience complète de cette tristesse me permet de passer à autre chose, de tourner la page. Quand j’étais petit, je ne me laissais jamais aller totalement à la peine. Toujours, j’ai résisté jusqu’à l’épuisement. 

Aujour­d’hui, quand je suis abattu, j’essaie, au contraire, de couler un temps, de ne pas résister. Je constate que je peux flotter, même au cœur de l’agitation. Voir que les émotions ne tuent pas finit par donner une grande confiance. Je dirais presque qu’en un sens les tempêtes nous aident. Rien ne contrarie davantage le dire « oui » joyeux que le déni face à ce qui nous agite. 

La deuxième pratique, celle qui me nourrit le plus, consiste à laisser passer. Mille fois par jour, laisser passer les angoisses, les peurs, les émotions, comme autant d’abeilles qui viendraient bourdonner autour de nous : plus nous les chassons, plus elles s’agitent. Laissons-les simplement déguerpir, sans réagir le moins du monde. »

Alexandre JOLLIEN

L'HOMME JOIE- CHRISTIAN BOBIN


L'homme-joie est au bord d'être perdu, au bord d'être trouvé... (Immense éclat de rire)... C'est un titre de noble, une figure archétypale de l'homme à venir qui n'existe, en chacun de nous, que par intervalles. La joie dont je parle ici ressemble au sautillement, bref, suspendu, d'une enfant dans des flaques d'eau. Passagère, elle nous traverse le cœur par intermittence. Pourtant, étrangement, elle est plus nous que toute autre chose. L'enfant qui sautille convertit la petite malédiction de la pluie en jubilation, en jeu. Cette joie transforme toute malédiction en gaieté. C'est quelque chose vers lequel nous pouvons tendre, un soleil à venir. Il n'y a pas de règles, pas de recettes. La vie dispose de nous. C'est elle qui fait le travail. Pas nous. Quand cet état d'émerveillement et d'acquiescement à la vie, cette capacité à jouer avec elle, nous tombe dessus, on le sait. La spiritualité est du vif-argent, une floraison étonnante. Elle a de l'insolence, du charme, est toujours imprévue, ne se possède pas. Elle est un printemps hors saison qui pousse dans nos cœurs et qui ne dure qu'un temps. Et ce n'est pas grave. Le passage en nous de quelque chose de spirituel, le sentiment d'être pleinement vivant, nous permet de traverser la nuit du monde. Le monde et la nuit, c'est aujourd'hui à peu près la même chose. Il ne se passe pas de jours sans que l'on voie des dizaines d'étoiles tomber par terre. La spiritualité permet de traverser tout ça et de continuer. Mais toute définition est un enterrement de première classe. Je préfère évoquer la spiritualité en parlant de confiance, cet étrange sentiment, grâce auquel je sais que les moments d'enfermement ou de désespoir que je connais comme tout le monde sont temporaires et qu'autre chose arrivera ensuite. L'enfer sur terre est monotone et normé, un endroit assez conventionnel. Le paradis est tout sauf convenu. Tout y est sans arrêt nouveau ; d'une nouveauté de fleur de cerisier non commerciale. Chaque instant y est vécu comme étant le dernier. La vie est un trésor que nous gâchons. Si on regarde ce qui est autour de nous, de plus fragile, de plus banal, nous pouvons y voir quelque chose d'illuminant. Les mères le savent bien. Quand l'une d'entre elles se penche sur le berceau de son tout-petit en train de dormir, elle est une géante qui veille sur la course des étoiles. Ces choses-là, qui ne sont petites qu'en apparence, sont le meilleur de l'existence. L'esprit est la vraie trace de la vie en nous.
Chaque instant, chaque mot, chaque expérience sont pour vous à la fois mort et renaissance. Tout est possible à chaque instant ? Je le ressens comme ça. Rien n'est jamais perdu. La suite des jours et des nuits est comme une partie de jeu de cartes. On peut toujours la rejouer. La mort est peut-être la carte la plus belle. Le drame d'aujourd'hui est que le temps du cœur, beaucoup plus lent que le temps mesurable, n'est pas respecté, compris.

La giornata di Padre Pio

jeudi 2 juin 2016

LES MERES- PENSEE CHRISTIAN BOBIN

"Les hommes tiennent le monde. 
 Les mères tiennent l’éternel qui tient le monde et les hommes. 

Christian Bobin

CARDINAL NEWMAN- PRIERE

Seigneur Jésus,
inonde-moi de ton Esprit et de ta vie.
Prends possession de tout mon être,
pour que ma vie ne soit qu’un reflet de la tienne.
Rayonne à travers moi, habite en moi,
et tous ceux et celles que je rencontrerai
pourront sentir ta présence auprès de moi.
En me regardant, ils ne verront que Toi seul,
Seigneur!
Demeure en moi et alors je pourrai,
comme Toi, rayonner,
au point d’être à mon tour une lumière
pour les autres.
Lumière, Seigneur, qui émanera
complètement de Toi.
C’est Toi qui, à travers moi, illuminera les autres.
Ainsi ma vie deviendra une louange à ta gloire,
la louange que Tu préfères,
en te faisant rayonner
sur ceux et celles qui nous entourent.
Par la plénitude éclatante de l’amour
que te porte mon coeur.
(Cardinal Newman: Revue « Prier », oct. 1996, p. 16)

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