samedi 30 avril 2016

LA MORT

Extrait d'une lettre du Père Molinié à son ami Cioran en 1944

Tu n'as pas connu ma Mère, mais tu m'es un ami trop profond pour ne pas te tenir au courant de ma souffrance.
La mort est une réalité écrasante, absolue: en face d'elle rien ne peut résister, que la foi.
J'ai bien reçu ton petit envoi : mais ton appel silencieux vers une métaphysique du désenchantement lucide et de l'évasion, tombait assez mal...
Devant la mort, on ne peut plus croire aux apparences : il faut choisir entre le néant (non plus relégué en fond de tableau, dans la philosophie, mais au premier plan, en pleine lumière, hallucinant)... et Dieu.
Heureusement j'avais déjà choisi - ou plutôt Dieu m'avait choisi.
Comment peut-on oublier la mort !
Chacun en parle comme s'il était immortel : la mort, c'est toujours celle des autres.
Je suis effaré de voir les gens avoir pitié de Maman comme les riches ont pitié des pauvres, en se sentant à l'abri.
Ah ! les insensés qui, lorsqu'on les presse et les accule, se font gloire de l'être, afin de ne pas voir, à aucun prix ! et moi tout le premier !
Ton ami

Un ami parti de l'autre côté...

Que dire devant la mort, surtout lorsqu'elle surprend par sa violence ? Un ami si jeune qui se jette sous un train et la vie bascule...
La souffrance est telle qu'elle recouvre parfois tout, et par cette âme qui s'envole de l'autre côté du rivage, c'est l'immense question du sens qui se pose à nouveau à chacun d'entre nous. 
Je porte en moi ta souffrance, tel un appel au secours non entendu, mais loin de toute culpabilité, je t'écoute aujourd'hui, de l'autre côté du voile.
Rien n'est fini, tout commence et, dans ton envol, tu perçois toute la lumière de l'Amour Divin qui nous relie les uns aux autres. 
Cet Amour, nul ne peut l'interrompre, pas même Dame la Mort. Tu étais encore si jeune, et ton désir de pureté, d'absolu, t'a fait passer pour un insouciant ! 
À présent, par ses ailes déployées, ton âme plane parmi nous, pour nous rappeler l'essentiel que nous étouffons si souvent dans nos préoccupations matérielles.
Puisses-tu nous entraîner vers la Lumière du Très-Haut, afin que ton départ transforme notre relation à toi en un pont où passerons les véritables valeurs. 
Car lorsque tu paraissais hors de la réalité, oubliant certaines contingences, tu pressentais déjà combien l'ultime se joue dans l'instant présent que nous délaissons, entre un passé immédiat et un avenir toujours trop tôt commencé. 
Vivre l'aujourd'hui, pour densifier le temps présent comme l'expérience de l'éternité...
De l'autre côté du voile, tu nous dévoiles à présent ton secret, cet héritage que nous transmettrons à ton épouse et à tes chers enfants.
En attendant, bon voyage à toi, dans l'éternelle jeunesse où tu viens de plonger pour hurler à la face du monde l'urgence de l'authenticité dans l'Amour.
Je ne t'oublierai jamais et je te confie au Maître de la Vie, celui que j'appelle le Christ.
Pierre Colombani
A Molinié


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PENSEE


samedi 23 avril 2016

LE BON SAMARITAIN AUJOURD'HUI

Un peuple vivait dans la paix et la tranquillité. Il tomba entre les mains de brigands qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups, violèrent ses femmes et s’en allèrent en le laissant dans les mers et sur les plages, aux frontières et dans les camps de réfugiés, à moitié mort.
Ses frères le virent sans broncher, n’essayant même pas de le sauver mais passant à distance, indifférents. 
Cependant, un homme, un étranger vêtu de blanc, vit au loin la misère de ce peuple et fut saisi de compassion. Il accouru vers les camps de réfugiés, pansant les plaies et versant le vin de la joie et de l’espérance ainsi que l’huile de la tendresse et de la charité.
Le lendemain, il ramena avec lui certains d’entre eux à bord de son propre avion jusqu’à Rome. Les confiant à la communauté de Sant’Egidio, il dit à cette dernière : « Prends bien soin d’eux avant de les répartir dans les paroisses de Rome ».
Lequel donc, cher chrétien, te semble avoir été le prochain de ce peuple qui était tombé entre les mains des brigands ?
Le chrétien répondit : « C’est l’homme en blanc qui a fait preuve de pitié envers lui ».
Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même et tu auras en héritage la vie éternelle ». 
SOURCE - ALETIAE
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dimanche 17 avril 2016

Méditation sur la résurrection du Christ 1/2

AVILISSEMENT DE L'HOMME


« J’affirme une fois de plus que l’avilissement de l’homme se marque à ce signe que les idées ne sont plus pour lui que des formules abstraites et conventionnelles, une espèce d’algèbre, comme si le Verbe ne se faisait plus chair, comme si l’Humanité reprenait, en sens inverse, le chemin de l’Incarnation »1.

Bernanos

COMME UN CHASSEUR...




S'arrêter et renoncer à regarder le monde comme un chasseur. Dépouiller son regard, abandonner l'armada d'explications, de commentaires, de comparaisons qui surgit à toute heure du jour, voilà le défi ! Au fond, le chemin du zen et celui de toute vie contemplative nous invitent à écarter les projections, les spéculations, les soupçons et les attentes, pour simplement vivre. C'est que nous nous transformons facilement en chasseurs qui ne savent repérer dans leur champ de vision que les dangers ou alors ce qui les intéresse, du gibier. 

Alexandre Jollien

vendredi 15 avril 2016

LE PECHE, LA FAUTE DANS L'HINDOUISME

« Toutes les actions physiques, toutes les émotions, toutes les pensées surgies en nous, reviennent vers nous avec leur cortège d'agitation, de regret, de remords si nous avons nui. Les actions nuisibles qui provoquent en nous de la souffrance sont appelées pâpa. Le contraire (mérite) est appelé punya.
Pâpa et punya (démérite et mérite) sont les réactions que provoquent les actions passées sur le mental. Le paradis et l'enfer ne sont que deux conditions différentes du mental. Ils ne sont pas quelque part, en dehors de nous, mais ils sont en nous.
Si dans un geste de colère, je tue quelqu'un, le regret et le remords que je ressens ensuite, la torture mentale dont je souffre alors, sont pour moi l'enfer. L'action par elle-même est au-delà du bien et du mal en réalité. C'est l'attitude avec laquelle nous l'avons accomplie, l'intention qui l'a accompagnée, qui comptent réellement.
Les actions qui ne nous causent pas de regret, et qui nous aident à harmoniser notre personnalité, sont les actions justes, bonnes et sources de mérite (punya). Celles qui laissent des regrets, qui pèsent sur notre esprit et qui déstructurent notre personnalité, sont les actions incorrectes, néfastes (pâpa). Le désir, la haine, la jalousie, la passion, toutes ces émotions négatives dévastent notre richesse intérieure et nous en dépossèdent. L'affection, l'amour, la tendresse, la paix, l'équanimité, la tranquillité sont les valeurs positives, les vertus (punya) qui décuplent notre vitalité ».
Swamini Umanand
source - garrigues et sentiers 

jeudi 14 avril 2016

LA JALOUSIE


Chacun essuie les hauts et les bas d’une existence avec plus ou moins de ressources. Je trouve ainsi une invitation à bien regarder l’herbe du voisin, à soigneusement contempler celui que je jalouse. Et, ô merveille, la jalousie du début peut donner lieu à une véritable pratique de la compassion. En somme, Dame Philosophie invite tout simplement son malade à connaître les règles du jeu. La vie n’est simple pour personne. Tôt ou tard, même la plus clémente des fortunes devient capricieuse et change. Et notre thérapeute va jusqu’à prétendre que les plus privilégiés sont en fin de compte les plus fragiles. Sans aller jusqu’à plaindre le jeune homme à qui tout sourit, je puis ouvrir les yeux pour ne pas juger trop vite du bonheur des autres et de mon malheur.
Cependant un mystère demeure : souvent, les êtres les plus accablés par le sort goûtent les plus grandes joies. Et pourquoi n’en serai-je pas jaloux ? 



Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain né en 1975 à Savièse, en Suisse. Son dernier livre, le Philosophe nu, est paru au Seuil.

LES FAUSSES FORCES

Il y a aussi ceux qui tentent de surmonter la faille par les fausses forces : l'orgueil et l'arrogance.
Emplâtre sur une jambe de bois, l'orgueil ne comble pas le vide dans l'âme mais en augmente la profondeur.
On croit qu'on surmonte mais en réalité, on se berce d'illusions, on écrase son prochain, on piétine ce qui est immortel pour s'attacher au passager.
La vraie force n'est ni le déni de soi, ni l'arrogance. La vraie force, seule capable de combler l'abîme est de reconnaître l'existence de celui-ci.
Cette reconnaissance suscite le désir de Dieu et le dépouillement sincère devant Lui.
En toute honnêteté, avec une âme virile et volontaire, on admet qu'on ne pourra pas franchir seul la distance qui nous sépare de l'Infini et on s'ouvre.
On s'ouvre à Dieu qui enverra immédiatement son Esprit et ses messagers ailés qui se feront un plaisir de nous délivrer, de briser nos chaînes et de nous emmener par delà le néant, dans le Temps Eternel, comme les Fils de Dieu que nous sommes.
Après une traversée du désert que chaque âme mystique connaît tôt ou tard dans son évolution, étape angoissante mais nécessaire au dépouillement du superflu et à la transmutation des ombres en Lumière, on est enfin libre.

dimanche 10 avril 2016

TOUT CE QUI EXISTE EST UNE PARTIE DE NOUS-MÊMES


"Lorsque vous adoptez le point de vue que tout ce qui existe est une partie de vous-même, que toute personne qui existe est une partie de vous-même, que tout jugement que vous faites est un auto-jugement, que toute critique que vous élevez est une autocritique, vous vous donnez avec sagesse un amour inconditionnel qui sera la lumière de votre monde. 

Lorsque nous serons conscients que la seule différence entre chacun d'entre nous réside dans nos croyances et que ces croyances peuvent être créées et décréées avec aisance, un monde de paix s'ensuivra et tandis que le jeu du bien et du mal disparaîtra, un jeu de co-création verra le jour". 

Henry Palmer 

source- Phytospiritualité

VIVRE- BEAU PETIT TEXTE


Vivre est ainsi qu’on ne peut démêler les jours d’ivraie et de bon grain.
On s’en va par ciel bleu on revient sous l’orage
Sans jamais être certain de retrouver les visages
Qu’on a laissés au matin
Il n’y a pas d’avancée  sans épines de percée sans résistance
Il y a toujours quelque part une adversité qui oblige à de petites victoires
Comme celle de croire que la rudesse peut être doublée de tendresse
Pour qui consent à retrouver la mémoire de l’histoire
Où la Vie a joué si fin que la mort s’est retrouvée dehors
Hors non de nuire
Mais d’anéantir la lumière
Que tous porteront  un jour
Comme ultime vêtement.

Francine Carrillo, pasteur

dimanche 3 avril 2016

CONTE- LES DEUX LOUPS


Un vieil Indien très sage enseignait à son petit-fils d’importantes leçons de vie :
En chacun de nous se déroule une bataille qui ressemble beaucoup à une bataille entre deux loups. L’un d’eux représente le mal : il est animé par l’envie, la jalousie, les remords, l’égoïsme, l’ambition, le mensonge… L’autre loup incarne le bien : il défend la paix, l’amour, l’espérance, la vérité, la bonté, la fidélité.
Ému par les paroles de son grand-père, l’enfant resta songeur pendant quelques instants, puis demanda : « Et des deux loups, lequel gagne finalement ? ».
Avec un léger sourire, le sage répondit : « Gagne toujours celui que tu nourris ».

source- Aleteia

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