lundi 26 novembre 2012

CHRISTIAN BOBIN -PENSEE

La solitude nous amène vers la plus simple lumière: nous ne connaîtrons jamais d'autre perfection que celle du manque. Nous n'éprouverons jamais d'autre plénitude que celle du vide, et l'amour qui nous dépouille de tout est celui qui nous prodigue le plus.

Christian  Bobin 
Lettres d'or, coll. folio  2680, p. 94

MAITRE ECKHART

Quand Maître Eckhart nous exhorte à nous déprendre de nous-même, il nous invite à oser une liberté de chaque instant. Chaque seconde, nous sommes conviés à laisser tout ce que nous sommes, comme des reliques poussiéreuses, pour revivre, renouveler. Sur la route, le regret, le remords viennent freiner notre élan. Et Maître Eckhart nous livre toute une série d’exercices pour nous déprendre, précisément, de tout ce qui nous fige et nous fixe. Là où il y a attachement, la joie ne peut circuler. Et l’attachement peut revêtir diverses formes, même les plus subtiles. Je peux m’attacher au bonheur comme au malheur, à la joie comme au repentir narcissique. Aujourd’hui, je souhaite quitter tout marchandage, cesser de faire le beau, renoncer à me regarder pour jouer pleinement avec la vie. Dans ce jeu, il ne s’agit pas de rigoler, mais de redécouvrir la gravité joyeuse et innocente de l’enfant. Ainsi, dans le temple de l’esprit peuvent éclater des cris de joie

Alexandre  Jollien

LE MOINE AUX MAINS MOITES-CONTE

KAZAN ,un moine et maître zen, s'apprêtait à célébrer les funérailles d'un noble fort connu. Alors qu'il attendait, debout, la venue du gouverneur de la province et d'autres seigneurs et dames, il remarqua qu'il avait les mains moites.


Le jour suivant, il rassembla ses disciples et leur avoua qu'il n'était pas encore prête à être un véritable maître. Il leur expliqua qu'il ne réussissait pas encore à être le même devant tout les humains, mendiants et roi confondus. Il ne réussissait pas encore à voir au-delà des rôles sociaux et des identités conceptuelles, ni à voir la similitude de l'Être chez tout les êtres humains. Il partît et devint l'élève d'un autre maître. Huit ans plus tard, il retourna vers ses disciples, illuminés cette fois.


Extrait de "Nouvelle Terre", p79, Eckhart Tolle, Ariane

dimanche 25 novembre 2012

ETRE ET AVOIR- POEME

Economie
Quelle belle langue que la nôtre !

Loin des vieux livres de grammaire,
Écoutez comment un beau soir,
Ma mère m'enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir.
Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et Être étaient deux frères
Que j'ai connus dès le berceau.
Bien qu'opposés de caractère,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.
Ce qu'Avoir aurait voulu être
Être voulait toujours l'avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe Être s'est fait avoir.
Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu'Être, toujours en manque.
Souffrait beaucoup dans son ego.
Pendant qu'Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter.
Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu'Être, un peu dans la lune
S'était laissé déposséder.
Avoir était ostentatoire
Lorsqu'il se montrait généreux,
Être en revanche, et c'est notoire,
Est bien souvent présomptueux.
Avoir voyage en classe Affaires.
Il met tous ses titres à l'abri.
Alors qu'Être est plus débonnaire,
Il ne gardera rien pour lui.
Sa richesse est tout intérieure,
Ce sont les choses de l'esprit.
Le verbe Être est tout en pudeur,
Et sa noblesse est à ce prix.
Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.
Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.
Le verbe Avoir a besoin d'Être
Parce qu'être, c'est exister.
Le verbe Être a besoin d'avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.


Joli, non ?



......











vendredi 23 novembre 2012

LE MOT-VICTOR HUGO

Duccio
Ce MOT - que vous croyez que l'on n'a pas entendu,

Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre -
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre;
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin,
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle !
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera ;
Il suit le quai, franchit la place, et cætera
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive
Et railleur, regardant l'homme en face dit :
« Me voilà ! Je sors de la bouche d'un tel. »
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Victor  Hugo-extrait



mardi 20 novembre 2012

HYMNE AU BOUDDHA

Ô Amitâbha, lumière sans pareille

si pure et si calme, si douce et si consolante,
combien nous désirons renaître chez toi !
Toi dont le pouvoir est sans bornes,
Toi vers qui se tournent les êtres de tous les mondes,
qu'il est beau, ton royaume,
où tous les êtres sont saints
De tout coeur et en toute confiance
nous nous prosternons devant toi.

L'hymne au Bouddha, nommé Amitâbha-Chine



lundi 19 novembre 2012

LE CROYANT ET L'INCROYANT

Le croyant et l'athée peuvent coexister dans le même individu - et l'athéisme vécu par les saints sous le nom de nuit des sens ou de l'esprit va plus loin dans la négation et le désespoir que celui des incrédules.

Gustave Thibon


(L'ignorance étoilée, p.10 Fayard)

L'ILLUMINATION

Ne vous y trompez pas, l'illumination est un processus de destruction. Cela n'a rien à voir avec "devenir meilleur" ou "être plus heureux". L'illumination, c'est l'effondrement de tout ce qui n'est pas réel. C'est voir à travers la façade de la prétention. C'est l'éradication complète de tout ce que l'on imaginait être vrai.


Adyashanti    Cela me fait penser à l'Apocalypse de St Jean: Apocalypse-signification: "au-delà du voile"
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La vie n'est pas une tâche. Il n' y a absolument rien à atteindre, sauf la réalisation qu'il n' y a absolument rien à atteindre.
                           
Aucune somme d'efforts ne persuadera jamais l'unicité d'apparaître. Tout ce qui est nécessaire, c'est un saut dans la perception, une vision autre, déjà inhérente, mais non reconnue."

Tony Parsons

dimanche 18 novembre 2012

PENSEE PROFONDE

Je suis mort parce que je n'ai pas le désir.

Je n'ai pas le désir parce que je crois posséder,
Je crois posséder parce que je n'essaye pas de donner ;
Essayant de donner, on voit qu'on n'a rien,
Voyant qu'on n'a rien, on essaie de se donner,
Essayant de se donner, on voit qu'on n'est rien,
Voyant qu'on n'est rien, on désire devenir,
Désirant devenir, on vit.

René Daumal

samedi 17 novembre 2012

REJOUIS-TOI MARIE

ARCABAS-Annonce faite à Marie
Réjouis-toi, Marie ! n’est pas une « salutation angélique », une manière céleste de dire « Bonjour » ou « Salut, Marie ! », mais l’accomplissement de l’immense joie messianique annoncée depuis longtemps par les prophètes. Quel poids prennent alors les paroles de saint Gabriel, quand on les sait lourdes, enceintes d’un long passé qui va résonner avec puissance dans les entrailles de Marie. Ces paroles, Marie les connaît par coeur pour les y avoir « gardées » longuement ; la vraie joie ouvre toujours sur une Présence, elle est une « conception » et un « enfantement » : Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus (Lc 1, 31)

Evénement fondateur, mais aussi normatif pour chacun : Marie devient Mère de Dieu par nature et tout homme désormais qui invoquera ce saint Nom le sera par grâce, le Nom de Dieu se gravera en lui (Ap 3, 12), il sera « porteur du Nom ». Normatif aussi parce que, maintenant, tout homme qui a vraiment un Chemin et ne cherche plus que l’unique nécessaire (Lc 10, 42) entend dans son tréfonds : « Réjouis-toi ! ». Mais il peut l’entendre également à l’intérieur de chaque événement. Chaque événement, chaque moment avec son contenu est un messager, un ange, qui vient me dire : « Réjouis-toi ! » Et si j’adhère à cette joie, elle me libérera de toutes les contingences.

Avec toute notre affection, à bientôt !

Père Alphonse et Rachel
animateurs du centre spirituel Béthanie

http://www.centre-bethanie.org



lundi 12 novembre 2012

LA MAGIE DU COSMOS - ARTE



SERIES D'EMISSIONS INTERESSANTES SUR ARTE

dimanche 4 novembre 2012

EXTRAIT DE L'HOMME JOIE

J'imagine quelqu'un qui entre au paradis sans savoir que c'est le paradis. Il a des inquiétudes, des projets. Il est très occupé. Un bruit de fer, un cliquetis d'épées l'accompagne. C'est si banal, la guerre. Et puis tout d'un coup il y a une lumière de neige sur un étang, et un oiseau aux ailes d'or fracasse les murailles du monde. C'est quelque chose d'inespéré. Quelques secondes suffisent, n'est-ce pas, pour vivre éternellement. "Nous sentons et nous éprouvons que nous sommes éternels" : cette pensée de Spinoza a la douceur d'un enfant endormi à l'arrière d'une voiture. Nous avons, vous et moi, un Roi-Soleil assis sur son trône rouge dans la grande salle de notre coeur. Et parfois, quelques secondes, ce roi, cet homme-joie, descend de son trône et fait quelques pas dans la rue. C'est aussi simple que ça.


Je n'aime que les livres dont les pages sont imbibées de ciel bleu - de ce bleu qui a fait l'épreuve de la mort. Si mes phrases sourient c'est parce qu'elles sortent du noir. J'ai passé ma vie à lutter contre la persuasive mélancolie. Mon sourire me coûte une fortune. Le bleu du ciel, c'est comme si une pièce d'or tombait de votre poche et qu'en l'écrivant je vous la rendais. Ce bleu en majesté dirait la fin définitive du désespoir et ferait monter les larmes aux yeux. Vous comprenez ?

Christian  Bobin- l'homme joie

LE NOUVEAU LIVRE DE BOBIN-L'HOMME JOIE


L'homme-joie par Editionsiconoclaste

SI VOUS NE DEVENEZ PAS COMME DES ENFANTS...

 
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samedi 3 novembre 2012

CUEILLE LE TEMPS

Cueille le temps


Jules Beaulac

Tu ne peux pas retenir le temps.
Il passe.
Il coule entre tes doigts
comme l'eau de la fontaine.
Il glisse dans ta main
comme le sable de la mer.
Tu ne peux rattraper le passé.
Il n'est plus.
Il s'en est allé
comme le couchant d'hier.
Il est disparu
comme un souvenir perdu.
Tu ne peux emprisonner le futur.
Il n'est pas encore.
Il viendra à son heure
comme le levant de demain.
Il te rejoindra
comme la vague qui s'approche du rivage.
Mais tu peux toujours cueillir le présent
comme un beau présent de Dieu.

Ce présent est comme un grand arbre :
il plonge ses profondes racines
dans ton passé tout plein
de souvenir et d'expérience,
comme une sagesse accumulée.
Et il lance ses longues branches
vers ton futur tout plein
de promesse et d'espérance,
comme un projet emballant.

Le présent est fait
de ton passé qui n'est plus
et de ton futur qui n'est pas encore.
Prends le temps qui t'est donné
à chaque instant qui passe.

Cueille-le précieusement
comme l'eau du ruisseau
qui t'est toujours disponible.
Ne gaspille pas ton temps,
c'est un cadeau de Dieu.
Ne passe pas ton temps
à courir après le temps.


Prends ton temps.
Ne dis pas : je n'ai pas le temps.
Dis plutôt : j'ai tout mon temps.
Ne sois pas avare de ton temps.
Donne de ton temps aux autres
comme Dieu te le donne à toi.

Ne cours pas tout le temps,
prends ton temps.
Et laisse au temps
le temps
de faire son temps.
Alors, tu gagneras du temps.
Et tu découvriras
que c'est beau et bon le temps,
que c'est plein de Dieu dedans.

spiritualité 2000

JEAN CLAUDE GUILLEBAUD

Au début des années 1990 – et non sans naïveté – un ouvrage du sociologue Gilles

Lipovetsky décrivait l’avènement d’un hédonisme joyeux, l’émergence d’une éthique légère
et pragmatique, où précaution et réglementation viendraient remplacer l’interdit ou le devoir.
Finie la pesanteur de « l’obligation » ! L’individu rendu à son innocence entend jouir de la vie
sans autre limites que celles de sa propre responsabilité1 ; ou à la rigueur celles fixées par une
loi « neutre », c’est-à-dire débarrassée de tout moralisme. « Fille des Lumières, écrit Alain
Besançon, la démocratie est optimiste et pélagienne. Elle ignore le péché originel. Elle croit au progrès, à la poursuite du bonheur, à l’adoucissement des moeurs2. »
De fait, le discours de la déculpabilisation et devenu omniprésent. Il est rare de passer une journée sans entendre stigmatiser la persistance, ici ou là, de quelques traces résiduelles d’une mauvaise conscience contre laquelle le combat est aussitôt requis. Comme l’écrivait Nietzsche dans La Généalogie de la morale, la mort de Dieu n’aurait pas complètement délivré l’homme de la malédiction originelle. Il ne se serait pas encore tout à fait libéré de« l’imposture de la morale ». Mais cela viendra... Sur la route de l’innocence, la lutte doit continuer. On nous adjure de congédier nos anciennes « hontes ». Cette invitation – voire
cette réquisition – s’accompagne le plus souvent d’une stigmatisation de la « morale judéochrétienne
», présentée comme la source de nos malheurs intimes : interdits sexuels de la Torah, péché originel théorisé par saint Augustin, vieux blocage catholique sur l’argent
assimilé au mal, etc. « Régulièrement, revient dans les médias le vieux reproche fait au judéochristianisme
d’avoir culpabilisé l’humanité en la confrontant sans cesse à l’abîme du péché3.»

Jean  Claude Guillebaud

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