samedi 30 septembre 2017

CITATION DE STEPHANE HESSEL- UN GRAND MONSIEUR



« Ce que j'ai découvert c'est que la vie est encadrée par l'invisible, que les anges vivent dans cet invisible. Et que notre tâche à nous les hommes est de transformer le visible en invisible. Nous sommes des abeilles qui butinons l'or du visible pour en faire la trame de l'invisible. » 

STEPHANE HESSEL

LA VIE : NE RIEN COMPRENDRE

Vous n’allez rien y gagner, rien y obtenir.
J’ai conscience que ce n’est pas facile à entendre, ami chercheur.
Je sais que tu ne vas pas me croire, car c’est difficile à avaler, toi qui espères tant de cette quête.
J’ai conscience que souvent tu en attends quelque chose de merveilleux, qu’il y a un espoir tellement immense en toi, probablement de sortir de ta condition humaine si difficile, d’améliorer ta vie, ton vécu, que sais-je encore.
Et pourtant, quelle paix de le comprendre !
Quelle joie de ne plus rien attendre de cette quête de soi, de ne plus rien considérer comme acquis!
Quelle beauté d’accepter de n’y rien comprendre !
Et quelle douceur de se déposer dans le cœur même de la vie, pour se laisser bercer dans son mouvement naturel, quel qu’il soit, sans protection!
Juste être, ici et maintenant.
Alors à un moment donné, tu vas t’en rendre compte :
le chemin n’apporte rien du tout.
Absolument rien de personnel.
Rien, rien, rien.
A l’inverse, si tu y consens, cette quête, cette « rencontre inconditionnelle avec soi », cette plongée totale dans le réel va te prendre tout ce qui t’est personnel, tout ce que tu considères comme t’appartenant.
Tu vas te délester.
Le chercheur obtient quelques acquisitions : plus de tranquillité, de douceur, d’amour, de compréhension peut-être.
Quelques belles envolées spirituelles parfois.
Parfois même ça dure un peu, quelques années même, on a l’impression d’être arrivé quelque part, c’est agréable.
Dès qu’il se passe quelque chose, le chercheur en fait un évènement, une acquisition.
L’éveil devient un truc à obtenir, où à retrouver si on l’a «perdu».
Le chercheur fait comme toutes les personnes en ce monde : accumuler des belles choses, rejeter celles qui ne lui plaisent pas.
Mais lorsqu’il les a eues, il peut les perdre.
Sur ce chemin là, on finit toujours par perdre ce qu’on a acquis.
Je l’ai déjà dit ici : tous les états spirituels que vous allez gagner, vous allez les perdre.
La vie va et vient.
Elle fait ce qu’elle veut.
Alors entends-moi bien, surtout la prochaine fois que tu auras l’impression d’avoir encore perdu ou gagné quelque chose sur ce chemin.
Oui entends-moi bien :
Accepte de te dénuder de ce désir d’accumuler des expériences, de ce désir d’obtenir quelque chose de tous tes efforts.
Il ne s’agit pas de gagner,
ni d’accumuler,
ni de réussir,
il s’agit de perdre la totalité de ce que tu crois avoir,
de perdre la totalité de ton monde,
de lâcher tout ce que tu crois tenir.
La condition humaine c’est de porter la vie, d’en faire une affaire personnelle, une réalisation, un devenir.
La quête spirituelle récupère ce même mouvement et devient quelque chose à réussir.
Comme c’est lourd et épuisant !
Comme c’est difficile !
N’en as-tu pas marre ?
Tant que tu n’en auras pas assez marre, tu vas continuer.
Il faut parfois aller au bout de l’absurdité.
Essayer encore et encore de réussir cette quête, d’arriver quelque part, d’accumuler les expériences.
Mais un jour, tu ne pourras plus faire autrement, tu va revenir à plus d’humilité et reconnaitre profondément la vérité :
Tu ne tiens rien,
Tu ne possèdes rien,
Il n’y a rien à réussir,
Tu es déjà nu devant la vie.
Et en réalité c’est cela que ton cœur désire le plus : reconnaitre cette nudité de ton être.
C’est dans cette nudité que nous pouvons faire le don de nous-même au vivant que nous sommes.
Et nous laisser porter par son libre mouvement.
Alors ami chercheur, acceptes-tu de ne plus rien accumuler ?
De te délester de ce que tu crois avoir acquis ?
Et de te montrer dans ta plus intime vulnérabilité ?
Dans ta plus totale nudité ?
Tu te rencontreras alors dans ta plus profonde humanité.

PSAUME 6


"Yahweh, ne me punis pas dans ta colère, et ne me châtie pas dans ta fureur. Aie pitié de moi, Yahweh, car je suis sans force; guéris-moi, Yahweh, car mes os sont tremblants. Mon âme est dans un trouble extrême; et toi, Yahweh, jusques à quand?
Reviens, Yahweh, délivre mon âme; sauve-moi à cause de ta miséricorde. Car celui qui meurt n'a plus souvenir de toi; qui te louera dans le schéol?
Je suis épuisé à force de gémir; chaque nuit ma couche est baignée de mes larmes, mon lit est arrosé de mes pleurs.
Mon oeil est consumé par le chagrin; il a vieilli à cause de tous ceux qui me persécutent.
Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal! Car Yahweh a entendu la voix de mes larmes.
Yahweh a entendu ma supplication, Yahweh accueille ma prière.
Tous mes ennemis seront confondus et saisis d'épouvante; ils reculeront, soudain couverts de honte." Psaume 6

mardi 26 septembre 2017

LE COEUR SOLITAIRE


« Quelle est la prière du cœur solitaire ? »
Je réponds que le détachement et le vide ne peuvent absolument pas prier,
car quiconque prie désire obtenir quelque chose de Dieu :
quelque chose à ajouter […] ou quelque chose à retrancher.
Mais le cœur qui est détaché n’a aucun désir pour quoi que ce soit,
il n’a rien de quoi être délivré.
Aussi n’a-t-il aucune prière ;
sa seule prière consiste à être un avec Dieu.
Maître Eckhart, in : The Best of Meister Eckhart, ed. Halcyon Backhouse, New York, Crossroad, 1996, p. 96.

lundi 25 septembre 2017

LE SIGNE DE CROIX


Au nom du Père qui nous crée par amour.
Au nom du Fils qui nous porte avec amour.
Au nom de l’Esprit qui nous enfante à l’amour.

Extrait de mon texte paru dans le mensuel Panorama, Paris, septembre 2017.
JACQUES GAUTHIER

jeudi 14 septembre 2017

LA CROIX

Pourquoi la souffrance ?
Le regard du crucifié répond à la question du mal et de la souffrance par l’amour. Paul Claudel disait que Dieu n’est pas venu pour supprimer la souffrance, ni même pour l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. Le Christ a remplacé par sa présence toute explication de la souffrance qui ne peut être que partielle, voire dérisoire.
Jésus n’a pas analysé la croix, il s’est étendu dessus. Le théologien jésuite François Varillon a parlé d’une souffrance en Dieu qui vient de son trop-plein d’amour qui n’est pas reçu par plusieurs de ses enfants qui s’éloignent ainsi de la paix véritable. « Quand l’amour renonce à la puissance qui imposerait sa loi, il s’expose au refus. Il y a une souffrance familière à l’homme et inconnue de Dieu : celle de se savoir insuffisamment aimant. Si Dieu souffre, c’est de trop aimer » (François Varillon, La souffrance de Dieu).
La croix dressée sur le monde n’épargne personne, puisque tous et toutes nous souffrons. Le 15 septembre, nous honorons Marie, associée à la souffrance de son fils, sous le vocable de Notre-Dame des douleurs. Elle accueille pleinement cette croix qui transforme la mort en vie. Comme son fils, elle est libre et elle nous accompagne dans l’épreuve.
Jésus donne sa vie librement, personne ne la lui prend. Il aime les siens jusqu’à la fin, faisant de la souffrance un chemin d’offrande. « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23, 46). Cette logique intime de la confiance est la signature même de notre Dieu. La mort ne pouvait pas retenir son corps glorieux.
Texte de J
acques  GAUTHIER

mercredi 13 septembre 2017

PRIERE POUR LES PERSECUTES


Ce n 'est pas pour moi que je fais cette prière,
Mais pour ceux de ma race,
Qui tendent, du fond deténèbres,
Leurs  mains  noires  pour réclamer du pain et du vin.

Moi, mon cœur est un païen insensé,
Mes pieds ne sont jamais en repos,
Mais donne-leur des foyers pour les réchauffer
Dans des demeures  au haut d'une colline.   (extrait)

samedi 9 septembre 2017

TEXTE DE PLATON

PLATON (347 av. J-C) :
« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire leurs enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte des paroles des pères, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves, et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au dessus d’eux, l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. »

lundi 4 septembre 2017

ELOGE DU RIEN- TEXTE CHRISTIAN BOBIN


Je ne comprends pas très bien votre question. « Pourquoi faudrait-il un sens à nos jours? »
Pour les sauver?
Mais ils n'ont pas besoin de l'être.
Il n'y a pas de perte dans nos vies, puisque nos vies sont perdues d'avance, puisqu'elles passent un peu plus, à chaque seconde.
Un mot me gêne dans votre lettre. Ce mot de sens. Permettez-moi de l'effacer.
Voyez ce que devient votre question, comme elle a belle allure, à présent. Aérienne, filante:
"Qu'est-ce qui vous donne votre vie?" la réponse cette fois-ci est aisée : tout.
Tout ce qui n'est pas moi et m'éclaire.
Tout ce que j'ignore et que j'attends.
L'attente est une fleur simple. Elle pousse au bord du temps.
C'est une fleur pauvre qui guérit tout les maux.
Le temps d'attendre est un temps de délivrance.
Cette délivrance opère en nous à notre insu.
Elle ne nous demande rien que de laisser faire, le temps qu'il faut, les nuits qu'elle doit.
Sans doute l'avez-vous remarqué: notre attente -d'un amour, d'un printemps, d'un repos- est toujours comblée par surprise.
Comme si ce que nous espérions était toujours inespéré.
Comme si la vraie formule d'attendre était celle-ci : ne rien prévoir sinon l'imprévisible.
Ne rien attendre sinon l'inattendu.
Ce savoir là me vient de loin.
Ce savoir qui n'est pas un savoir, mais une confiance, un murmure, une chanson....


Christian Bobin,

Éloge du rien

Membres

Archives du blog