mardi 1 janvier 2013

LES ENFANTS. ET LA SOUFFRANCE

Ce qui aide peut-être, c’est l’universalité de la souffrance. Boèce parlait du lot commun. Dès qu’on respire, la souffrance entre dans la vie. Hier, j’accompagnais mes deux écoliers pour la rentrée et mon cœur de père battait avec une redoutable ardeur. Je réfléchissais déjà au moyen d’offrir à mes enfants le plus beau parcours scolaire possible. En les observant parmi leurs camarades, j’ai cru deviner les légères inquiétudes des premiers jours, de petits tiraillements et une joie profonde ; la vie, en un mot. Quand j’aurais la tendance à surprotéger mes proches, à m’activer sans ­broncher pour leur assurer le meilleur des avenirs, je me rappellerai ce maître boud­dhiste. Quoi que je fasse, tôt ou tard, ils souffriront, peu ou prou. Dès lors, il me faut abandonner mon obsession d’ôter de la vie tout obstacle et apprendre avec ma fille et mon fils à accueillir ce qui vient, la joie comme la peine, sans préjugés, peut-être même sans préparation aucune.

Lorsque j’y pense, un enfant a aussi cette attitude. Il n’est pas hanté par la souffrance qui pourrait ­éventuellement s’abattre sur lui. Les peurs du lendemain, les imaginaires menaces ne le touchent pas encore. Certes, il reste vulnérable et la douleur peut l’anéantir mais il ne se surcharge pas, il ne se cache pas derrière d’illusoires carapaces. Il prend la vie telle qu’elle se donne.
Mes enfants, une fois de plus, sont mes maîtres. Dès que je les observe, je les vois tout occupés à jouer, à apprendre, « désintéressés » d’eux-mêmes.

Alexandre Jollien http://spinescent.blogspot.be




Aucun commentaire:

Membres

Archives du blog