vendredi 13 juin 2014

CONTE- SI J 'ETAIS UN PAPPILON


Bonheur de papillon

- Joli papillon, viens vers moi. Viens.  

Amandine tente d'attraper l'insecte multicolore et le poursuit à travers les champs. Elle danse, danse suivant le rythme du papillon qui a si soif d'air et d'aventure.

- Si tu m'attrapes, je meurs. Le sais-tu ?

La fillette s'arrête brusquement tandis que le papillon se pose, léger, sur une fleur.

- Tu meurs ? Pourquoi devrais-tu mourir ? Je te caresserais doucement, tout doucement pour ne pas te blesser.

- Même la plus douce des caresses est mortelle pour moi.

Amandine contemple, sans le toucher, l'animal si fragile. En son cœur, elle le plaint de ne pas pouvoir recevoir de câlins, ne serait-ce qu'un seul sans le payer de sa vie. Elle ne pourrait pas vivre sans se faire câliner.

- Si j'étais un papillon, je serais bien malheureuse et j'irais vers le bon dieu pour lui dire que c’est injuste, qu’il devrait changer les choses.

- Pourquoi faire ? Dieu m’a fait le don de la vie et je lui en suis reconnaissant, même si mon passage sur terre est éphémère. D’ailleurs, je n'ai pas le temps de me révolter, puisque demain je serai mort. Autant profiter du peu de temps que j'ai à vivre.

- Es-tu donc si vieux ?

- Oui, non. Je suis né ce matin à l'aube.

- Alors tu es encore bien jeune. Moi, je suis née il y a bien plus longtemps et mon âge se compte en années déjà, s'exclame la petite, très fière de ses six ans.

- Pour moi, une heure, c'est comme trois ou quatre de tes années.

Amandine a bien envie de pleurer sur le triste sort du si beau papillon. Elle essaye de se retenir, mais une larme roule malgré tout sur son visage. Dire que parfois, Amandine passe des heures à ne rien faire ou à s'ennuyer. Elle a honte de s'être si souvent plainte.

- Ne pleure pas petite...

- Je ne pleure pas, répond la fillette en essuyant furtivement une nouvelle larme indécente.

- Tu sais, pour moi le temps ne passe pas aussi vite que pour toi. Et puis si ma vie est éphémère, je n'en profite pas moins de tous les instants qui me sont offerts. Je n'ai pas le temps d'être triste, je n'ai pas le temps de songer à moi et de m’appesantir sur mon triste sort. Je vole de droite à gauche, je butine ici ou là, j’emplis mon regard de la beauté du monde et des fleurs. Je me laisse porter par le vent où il veut et comme il veut, sans réfléchir. Et seule sa caresse me remplit d'aise. Qu'importe où je vais pourvu que mon être s'emplisse de beauté et de joie pour l'éternité !


Contes d'ici et d'ailleurs-sélection Bunni

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