mercredi 27 août 2014

BEAU TEXTE DE MAURICE BELLET

Il n'y a pas d'homme condamné

Si quelqu'un se trouve alors sans Dieu
 sans pensée, sans images, sans mots 
reste du moins pour lui 
ce lieu de vérité : 
aimer son frère qu'il voit. 
S'il ne parvient pas à aimer
parce qu'il est noué dans sa détresse,
seul, amer, affolé, 
reste du moins ceci : 
de désirer l'amour. 
Et si ce même désir 
lui est inaccessible,
à cause de la tristesse et de la cruauté
où il est comme englouti, 
reste encore qu'il peut désirer 
de désirer l'amour.
Et il se peut que ce désir humilié, 
justement parce qu'il a perdu 
toute prétention, touche le coeur 
du coeur de la divine tendresse. 

Maurice Bellet, Incipit (DDB)

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