samedi 11 juillet 2015

L'ANNONCE DU CANCER- MARIE DE HENNEZEL

L'annonce du cancer est toujours un choc. Pour le malade, pour ses proches. Car le mot même véhicule une menace. On sait qu’une partie des cancers se guérissent, mais il y a tous ceux qui mènent inéluctablement vers la mort. 

Cette menace, comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête d’un être
qu’on aime, déclenche toute une cascade d’émotions, qui ont été répertoriées depuis longtemps. Tout le monde, ou presque, a entendu parler des étapes par lesquelles passent la personne atteinte d’une maladie grave et ses proches : la sidération, le déni, la colère ou la révolte, le marchandage, la dépression, et enfin la résignation ou parfois l’acceptation. 
C’est la psychiatre américaine, aujourd’hui décédée, Elisabeth Kübler-Ross, qui les avait observées quand elle était au chevet de ses patients cancéreux. Connaître le processus par lequel passe notre proche malade aide à l’accompagner. Respecter le déni quand il se manifeste, car il est une manière de se défendre d’une réalité trop difficile à accepter. Combien de personnes n’arrivent pas à croire à ce qui leur arrive ! Il y a dans le déni une force qui aide à vivre pendant un temps. On croit que ce n’est pas si grave, et que l’on va s’en sortir. Pour les proches, qui connaissent le dossier et auquel le médecin a parlé franchement, c’est assez difficile de faire face à ce mode de défense. Comment se situer? Ne va-t-on pas entrer dans une comédie du mensonge en faisant comme si ce n’était pas grave? Est-on en droit de confronter l’autre à une réalité qu’il ne veut pas voir? 

RESPECTER CE QUI NOUS PARAÎT ILLUSOIRE 


Sans doute la meilleure manière d’être consiste-t-elle à être présent à ce que l’autre vit et à l’écouter. Le laisser parler de ce qui se passe en lui. S’il est animé par un faux espoir, se dire qu'il a besoin de cela pour avancer. Respecter, mais ne pas alimenter ce qui nous paraît illusoire. Je me souviens d’une patiente en phase terminale d’un cancer qui ne cessait de parler du jour où elle irait mieux et des rêves qu’elle faisait pour son rétablissement. J’avais conseillé aux proches de lui dire qu’ils étaient heureux de la voir ainsi pleine d’énergie et si vivante. Ce n’est pas mentir que de soutenir la pulsion de vie de celui qui, pourtant, est aux portes de la mort. Et puis, un soir, elle s’est mise à pleurer. Son mari était près d’elle. Elle lui a dit qu’elle était foutue. Il ne l’a pas contredite. Il l’a prise dans ses bras, et lui a dit qu’il l’aimait. C’était bien. C’était suffisant. Le fait de manifester son amour et sa présence l’a infiniment mieux rassurée que s’il lui avait dit : « Qu’est-ce que tu racontes? » 

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