lundi 14 septembre 2015

DEVANT LA SOUFFRANCE...


Théologienne et pasteur, Marion Muller-Colard se veut d’abord à l’écoute. Face à la plainte d’une vieille femme en fauteuil roulant, elle constate qu’elle ne peut se contenter de « poser un petit pansement d’espérance. Prise au piège, j’ai glissé ma main dans la poche de ma blouse, j’ai resserré mes doigts sur ma Bible, comme prête à dégainer. Si je ressortais avec un verset-pommade, la Plainte me sauterait à la gorge »5. Au lieu de cela, elle lui lit la plainte de Job qui maudit le jour où il est né 6. Job lui apprend cette vérité essentielle lorsqu’on rencontre la souffrance : « l’impuissance ne supporte aucune recette ».
Le fonds de commerce des religions est trop souvent l’exploitation de la culpabilité et le recours à une pensée magique pour fuir nos responsabilités d’êtres vivants dans ce qu’elle appelle : « mon petit négoce intérieur qui n’en finira jamais tout à fait de marchander avec un Dieu imaginaire »7. La route est longue depuis les dieux-idoles qui justifient nos peurs et nos enfermements vers Celui qui nous invite à assumer le courage de vivre et d’aimer, « ce Dieu, écrit-elle, que je renonce à emprisonner dans mes théologies. Et je lui rends grâce aujourd’hui d’avoir ouvert à tous les vents l’enclos de ma vie – de m’avoir fait prendre le risque de vivre »8.
Bernard Ginisty
Site-Garrigues et sentiers

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