dimanche 27 juillet 2014

MALADIE D'ALZEIMHER


Mon père a séjourné un an dans une de ces maisons

 digne de figurer au patrimoine de l'inhumanité. Jamais

 son visage ne s'est éteint. Je ne crois pas à ce qu'on dit :

 Ils ne nous reconnaissent plus. Reconnaître c'est aimer,

 et aimer c'est sauvage, indicible. Quand mon père ne 

savait plus rien de moi, il savait encore qui j'étais, je le 

sentais, je l'éprouvais et ce qu'on éprouve est plus grand

 que tout ce que nous dit la science. Ne trouvant plus les 

prénoms, il rusait. Interrogé sur moi il répondait : c'est 

celui qu'on oublie pas, et sur ma mère : c'est la meilleure.

 Ces oublieux n'oublient rien d'essentiel. C'est ce qui les

 distingue de nous.

L'homme joie - Christian Bobin

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