jeudi 8 janvier 2015

LE PROPHETE ELIE- PAR SOEUR ANNE LECU-LIVRE DES ROIS 19, 11-16


Elie, mon frère volcan, combien j’aime ta compagnie. Impulsif, tu voudrais tout vaincre, convertir tout le monde pour ton Dieu, et si possible tout de suite. Dans ton combat avec les faux prophètes, tu fais venir le feu du ciel sur des holocaustes inondés d’eau, et tu te moques de ceux qui ne peuvent pas en faire autant. Mais comme finalement ça ne convainc guère de monde, tu pars bouder au désert, avec des envies de mort, et peut-être de suicide, persuadé que personne ne comprend ton malheur.
Élie, mon frère de feu, j’aime la patience de Dieu avec toi, avec nous. Il se moque bien, quand même, notre Dieu, en se révélant dans la brise légère, quelques versets après ton grand show « feu du ciel », en précisant : « le Seigneur n’était pas dans le feu » (*). Non, notre Dieu n’est pas dans le grand spectacle, dans ce qui fait du bruit, du nombre. Il n’est pas dans les étendards, ni dans les cortèges que l’on montre au journal télévisé de 20 h. 

Élie, mon frère impatient, notre Dieu est dans la voix de fin silence qui ne s’entend que quand nous nous taisons. Il est dans le souffle qui porte le corbeau jusqu’à toi pour poser à ton chevet une galette de force, « autrement, le chemin serait trop long pour toi » (**). Il est dans le silence des soirées de fin d’été, où l’on écoute ensemble, unis par l’amitié, le soleil s’enrouler dans le sommeil pour la nuit. 
Oui, Seigneur, tu es dans la respiration du monde qui retient son souffle, à l’heure où Marie se chausse pour aller t’embaumer au tombeau, et où tu l’attends, vivant, debout, au milieu des primevères et des jasmins, comme tu attends chacun de nous.

Site: signesdanslabible

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