samedi 13 juin 2015

MARIE DE HENNEZEL- ACCOMPAGNER UN ÊTRE CHER


Accompagner un être cher qui va bientôt partir et nous manquer est une expérience irremplaçable. Tant de mots que l’on n’a pas su dire qui viennent aux lèvres! Tant de gestes spontanés d’affection! Tout cela donne du sens à ce temps qui précède la mort, et dont on pense à tort qu’il est inutile et pénible. 
Et puis, il faut savoir dire au revoir. Je me suis souvent demandée pourquoi tant de personnes en agonie restaient suspendues entre la vie et la mort, dans un coma léger. Elles semblaient attendre quelque chose : un mot, un geste, une visite qui les libèrent et leur permettent de mourir. C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur de parler à celui qui semble dormir et ne pas être là. Car nous ne savons pas vraiment ce qui se passe dans les tréfonds de l’être qui dort. 
J'ai vécu trop d’expériences qui m’ont prouvé que le caractère affectif des mots et des gestes était reçu, pour ne pas encourager tout proche à laisser parler son cœur et faire ce qu’il sent devoir faire en son âme et conscience. 
Je me souviens même d’avoir poussé une femme qui avait envie de monter dans le lit où sa sœur était en train de mourir, à suivre son intuition. Elle s’est allongée dans le dos de sa sœur et l’a entourée de ses bras. La femme qui était en train de mourir et semblait manifestement angoissée s’est immédiatement apaisée. La présence physique, corporelle, tactile, est un outil merveilleux. On sait qu elle constitue comme une deuxième peau qui entoure l’être angoissé d’une coque protectrice. La présence est tout ce que nous pouvons donner. C'est à la fois peu et beaucoup. 


source : la belle revue "Reflets n°15"- Marie de Hennezel

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