jeudi 14 juillet 2016

NOS IDOLES- ALEXANDRE JOLLIEN


Mille et un chemins conduisent aux petits et grands esclavages quotidiens. Un péril sous-estimé et, cependant, des plus pernicieux se cache derrière l'idolâtrie. Le mot sonne comme désuet et d'un temps reculé. Pourtant, plus d'un tombe encore dans le panneau. L'un vénérera sa voiture, l'autre, telle vedette de cinéma. Celui-ci adorera une caricature d'un Tout-Puissant conçu par lui de toutes pièces. Bref, il n'est pas inutile de se demander, très simplement, devant quoi je suis enclin à plier le genou. Quelles fausses divinités peuplent le ciel de ma vie et m'empêchent d'embrasser l'existence sans perdre ma liberté devant quiconque, Père céleste, femme, homme ou objet ?

Le mot « idolâtrie » vient du grec eidôlo-latri: culte des images. Idolâtrer, c'est aussi réduire Dieu, refuser sa transcendance. Le Très-Haut est toujours plus haut que nos représentations et très loin de nos préjugés. Mais une société comme un individu peuvent inventer leurs dieux et rendre des cultes singuliers aux dernières idoles à la mode. Le sexe, l'argent, le pouvoir, le bien-être à tout prix, tels sont sans doute les autels qui accueillent pas mal de fidèles à leurs grands-messes. Il faut un certain courage pour s'en détourner, tranquillement. Le confort d'une existence bien rangée et sans problèmes, les sous, le plaisir, la réussite sociale, voilà qui risque aussi de devenir plus important que la vie, que l'essentiel !

Plus profondément, les faux dieux qui nous asservissent et nous aliènent sont sans conteste les convictions, les doctrines, les croyances auxquelles je m'accroche sans lâcher. Un manque d'humilité pousse très souvent à se prosterner devant le moi, à vouer un culte à ses propres idées en rejetant par là ce que je suis de grand sous ce fatras d'étiquettes et d'images vieillies.

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