Les choses naturelles ne sont que l’ombre d’une réalité spirituelle, et cette réalité spirituelle n’est à son tour que le reflet d’une image originelle de nature divine, la connaissance des correspondances devient le mode fondamental de connaissance.
Ainsi, sous nos yeux, le monde naturel se métamorphose merveilleusement.
Rien en ce monde n’est seulement la forme ou le nom qu’on lui prête, mais tout, d’une manière mystérieuse, renvoie aux régions supérieures de l’être.
Chaque grain de poussière témoigne des mystères célestes.
Ernst Benz
http://seraphim.over-blog.com/article-correspondances-98677712.html
samedi 28 avril 2012
jeudi 26 avril 2012
SE REJOUIR DE SON EXISTENCE...
S'il fallait choisir une définition pour l'amour, celle de Spinoza remporterait tous mes suffrages. Pour lui, il est une joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure. Ainsi, aimer l'autre revient à se réjouir de son existence. Nous voici, loin de l'attachement, de la convoitise, d'un aliénant désir. L'amour est une disponibilité envers ce qui est. Cependant, nous avons, tous ou presque, rencontré la difficulté de conserver intact ce lien profond.
Ivan Karamazov parle de l'amour du lointain, plus aisé à vivre parce que ponctuel, passager. Le roman rapporte les paroles d'un médecin qui désirait ardemment servir l'humanité et pour ainsi dire était prêt à se crucifier pour les hommes tandis qu'il était incapable de partager sa chambre plus de deux jours. Cette ardeur soudaine se pratique dans la fulgurance, on s'approche ici de l'idéal. Une fois en ma vie, j'éprouve un élan charitable pour un étranger et je fais tout pour lui. Porter sa famille dans son cœur réclame un tout autre engagement. Il s'agit de supporter les petits défauts, d'habiter la routine, de renouveler chaque jour une présence.
Le starets Zossima me livre un outil. Il parle d'un amour actif, d'une pratique, d'actes réitérés de bienveillance, de disponibilité et d'accueil. L'épreuve du quotidien me montre qu'il faut une persévérance pour continuer à se réjouir de l'existence de l'aimé. Mais est-ce que je sais lui laisser sa place ? Souvent, devenant le centre de notre relation, je l'instrumentalise. Dès lors, je suis dans l'attachement, je veux avoir la mainmise sur l'objet de ma tendresse. Ainsi, l'amour actif pourrait réclamer comme préalable un certain effacement devant l'autre. Le starets le dit si bien : « L'amour actif, c'est du travail et de la patience. » Je préfère quant à moi parler d'œuvre plutôt que de travail, congédiant tout danger volontariste. Celle-ci consiste peut-être à se détacher, par amour, de nos attentes, quitter progressivement nos projections. Souvent, je m'éprends d'une image façonnée par mes désirs. Dès que la réalité paraît, je cesse d'aimer.
Si la passion rend aveugle, l'amour peut ouvrir les yeux. Aimer en actes, c'est contempler le réel sans souhaiter le modeler à son gré. Au-delà des fantasmes, des idéaux, un être me fait face. Comment partir à sa découverte en abandonnant préjugés et projections ? La vérité peut ici servir de guide et permettre un fécond retour sur soi qui révélera mes espérances, ma volonté de m'approcher des distributeurs de tendresse sans -vouloir m'engager, partager. Une action demeure essentielle : aider. L'amour en actes revient précisément à accompagner l'autre sans m'imposer. Un sage indien, Swami Prajnanpad, vient compléter ce portrait lorsqu'il affirme qu'aimer, c'est aider à se détendre. Souvent, le désir oppresse, il contraint la réalité pour que celle-ci se plie à ses attentes. Suivre Prajnanpad, c'est au contraire accueillir autrui tel qu'il se propose. Ainsi peut-il se réaliser dans la joie. Cet appel à la vérité, cette bienveillance, ce refus de juger, gageons qu'il commence par un sain amour de soi.
Alexandre Jollien-philosophe suisse
Ivan Karamazov parle de l'amour du lointain, plus aisé à vivre parce que ponctuel, passager. Le roman rapporte les paroles d'un médecin qui désirait ardemment servir l'humanité et pour ainsi dire était prêt à se crucifier pour les hommes tandis qu'il était incapable de partager sa chambre plus de deux jours. Cette ardeur soudaine se pratique dans la fulgurance, on s'approche ici de l'idéal. Une fois en ma vie, j'éprouve un élan charitable pour un étranger et je fais tout pour lui. Porter sa famille dans son cœur réclame un tout autre engagement. Il s'agit de supporter les petits défauts, d'habiter la routine, de renouveler chaque jour une présence.
Le starets Zossima me livre un outil. Il parle d'un amour actif, d'une pratique, d'actes réitérés de bienveillance, de disponibilité et d'accueil. L'épreuve du quotidien me montre qu'il faut une persévérance pour continuer à se réjouir de l'existence de l'aimé. Mais est-ce que je sais lui laisser sa place ? Souvent, devenant le centre de notre relation, je l'instrumentalise. Dès lors, je suis dans l'attachement, je veux avoir la mainmise sur l'objet de ma tendresse. Ainsi, l'amour actif pourrait réclamer comme préalable un certain effacement devant l'autre. Le starets le dit si bien : « L'amour actif, c'est du travail et de la patience. » Je préfère quant à moi parler d'œuvre plutôt que de travail, congédiant tout danger volontariste. Celle-ci consiste peut-être à se détacher, par amour, de nos attentes, quitter progressivement nos projections. Souvent, je m'éprends d'une image façonnée par mes désirs. Dès que la réalité paraît, je cesse d'aimer.
Si la passion rend aveugle, l'amour peut ouvrir les yeux. Aimer en actes, c'est contempler le réel sans souhaiter le modeler à son gré. Au-delà des fantasmes, des idéaux, un être me fait face. Comment partir à sa découverte en abandonnant préjugés et projections ? La vérité peut ici servir de guide et permettre un fécond retour sur soi qui révélera mes espérances, ma volonté de m'approcher des distributeurs de tendresse sans -vouloir m'engager, partager. Une action demeure essentielle : aider. L'amour en actes revient précisément à accompagner l'autre sans m'imposer. Un sage indien, Swami Prajnanpad, vient compléter ce portrait lorsqu'il affirme qu'aimer, c'est aider à se détendre. Souvent, le désir oppresse, il contraint la réalité pour que celle-ci se plie à ses attentes. Suivre Prajnanpad, c'est au contraire accueillir autrui tel qu'il se propose. Ainsi peut-il se réaliser dans la joie. Cet appel à la vérité, cette bienveillance, ce refus de juger, gageons qu'il commence par un sain amour de soi.
Alexandre Jollien-philosophe suisse
LE MOT AMOUR- CHRISTIAN BOBIN
Christian Bobin.- Le mot « amour » est dévalué, il a trop servi : les chrétiens en parlent trop, le monde le galvaude, en fait du commerce. Pour moi, l´amour est une chose qui vient après beaucoup de luttes, de douleurs. Une sorte de clairière. Mais pour l´atteindre, il faut traverser une forêt bien sombre, celle de notre monde.
- Alors pessimisme face au monde ?
- La Bonne Nouvelle ne vient que par la Bible. Le monde, lui, ne change pas. Le monde est un arbre mort sur lequel on ne peut s´appuyer. C´est un écran entre la personne et son cœur. L´argent, la possession,
autant de masques. Nous vivons un état de naufrage. Mais je suis confiant, quelque chose reste hors d´atteinte du monde : c´est l´âme. Elle ne s´éteint pas. C´est elle qui lutte contre le monde.
- Quelle est votre espérance ?
- Je crois que toute vie humaine s´inscrit dans le temps d´un Évangile : d´abord, rien, puis l'annonciation, l´incarnation, l´errance, la révélation, le Golgotha puis la résurrection. Les plus belles choses doivent être conquises. Une croissance dure, exigeante. À l´image de la fleur qui doit lutter pour croître, qui va vers la lumière. L´homme doit se faire petit à petit. Mettre en forme le meilleur. Rien n´est parfait au départ. Comment faire évoluer l´homme ? Pas de prosélytisme, pas de sermons. Par l´exemple. Par une longue patience attentive. Exposer sa manière de vivre.
- Vous dites : « Croyez seulement à ce que j´ai vu car je l´ai réellement vu. »[1]-(évangile de Jean)
- Mon travail, c´est regarder, témoigner avec précision de ce que je vois. Par exemple, j´aime décrire les très petits enfants, leurs yeux ouverts et étonnés, jouant avec leurs lacets de chaussures... La poésie n´est pas un genre littéraire, elle est l´expérience spirituelle de la vie, la plus haute densité de précision. La précision, c´est la sainteté de l´âme.
Christian Bobin
http://spinescent.blogspot.com/search?q=bobin
- Alors pessimisme face au monde ?
- La Bonne Nouvelle ne vient que par la Bible. Le monde, lui, ne change pas. Le monde est un arbre mort sur lequel on ne peut s´appuyer. C´est un écran entre la personne et son cœur. L´argent, la possession,
autant de masques. Nous vivons un état de naufrage. Mais je suis confiant, quelque chose reste hors d´atteinte du monde : c´est l´âme. Elle ne s´éteint pas. C´est elle qui lutte contre le monde.
- Quelle est votre espérance ?
- Je crois que toute vie humaine s´inscrit dans le temps d´un Évangile : d´abord, rien, puis l'annonciation, l´incarnation, l´errance, la révélation, le Golgotha puis la résurrection. Les plus belles choses doivent être conquises. Une croissance dure, exigeante. À l´image de la fleur qui doit lutter pour croître, qui va vers la lumière. L´homme doit se faire petit à petit. Mettre en forme le meilleur. Rien n´est parfait au départ. Comment faire évoluer l´homme ? Pas de prosélytisme, pas de sermons. Par l´exemple. Par une longue patience attentive. Exposer sa manière de vivre.
- Vous dites : « Croyez seulement à ce que j´ai vu car je l´ai réellement vu. »[1]-(évangile de Jean)
- Mon travail, c´est regarder, témoigner avec précision de ce que je vois. Par exemple, j´aime décrire les très petits enfants, leurs yeux ouverts et étonnés, jouant avec leurs lacets de chaussures... La poésie n´est pas un genre littéraire, elle est l´expérience spirituelle de la vie, la plus haute densité de précision. La précision, c´est la sainteté de l´âme.
Christian Bobin
http://spinescent.blogspot.com/search?q=bobin
WILLIAM THACKERAY
Si les femmes ne faisaient pas de nous des idoles, si elles nous voyaient comme nous nous voyons les uns les autres, la vie serait-elle supportable, ou la société pourrait-elle continuer ? Ce devrait être le plus ardent désir de l'homme, que la femme ne pût jamais découvrir son peu de valeur.
(Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.27, Hachette, 1858)
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Quelles brillantes couleurs avait alors votre jeunesse ! et comme vous en jouissiez ! L'homme n'a qu'un petit nombre d'années pareilles. Il ne les apprécie pas assez pendant qu'il les a. Ce n'est que lorsqu'elles sont loin derrière lui qu'il se rappelle combien elles étaient chères et heureuses.
(Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.32, Hachette, 1858)
(Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.27, Hachette, 1858)
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Quelles brillantes couleurs avait alors votre jeunesse ! et comme vous en jouissiez ! L'homme n'a qu'un petit nombre d'années pareilles. Il ne les apprécie pas assez pendant qu'il les a. Ce n'est que lorsqu'elles sont loin derrière lui qu'il se rappelle combien elles étaient chères et heureuses.
(Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.32, Hachette, 1858)
samedi 21 avril 2012
jeudi 19 avril 2012
L'ESPRIT
DUCCIO-SIENNE
L’Esprit est l’absence d’ego, le vide infini, de Dieu. Elle (1) remplit tout de son vide et contient « toute la vérité ». Seul le vide peut contenir le tout. Revenant vers nous dans l’Esprit de vérité, en ami et en maître, Jésus peut donc être à la fois homme et Dieu, historique et cosmique, personnel et universel. Il est onde et particule, pleinement individué, capable d’être son moi individuel unique et d’être inséparable de toute chose. Ainsi sa mort, toute mort, acquiert un sens et une nécessité.Dans l’évangile de Jean, la Résurrection et la descente de l’Esprit sont vues comme un seul événement. Le soir de Pâques, Jésus vint et se tint au milieu de ses disciples qui, terrorisés, s’étaient réfugiés dans une pièce fermée à clef. Son premier mot fut « shalom ». Ce mot hébreu d’une grande densité, qui signifie « paix », invoquait la bénédiction de l’harmonie qui règne entre tous les ordres d’existence. Shalom émane directement de l’harmonie divine qui est l’Esprit. La recevoir, c’est avoir part à cette paix au-delà de toute compréhension.
Ensuite, Jésus souffla sur eux en disant : « Recevez l’Esprit Saint. » Son souffle, véhicule de l’Esprit, portait ses paroles dans leurs intelligences et leurs cœurs attentifs. Puis il leur donna le pouvoir de pardonner les péchés. Ce pouvoir de pardonner… est un charisme de l’Esprit parce que le pardon lève le plus grand de tous les obstacles à la communication. Il guérit les blessures, confesse la vérité qui libère, console dans la douleur, apaise la colère, efface le ressentiment, parvient à réconcilier les ennemis. Quiconque connaît la vérité a le pouvoir de pardonner…
Nous apprenons, par l’effet qu’elle produit sur nous-mêmes, que l’Esprit est une amie qui ne fait pas de différence entre ses amis et qui libère la force d’aimer, de pardonner sans fin. On ne peut l’observer mais on la reconnaît aux traces silencieuses, éclairantes, réparatrices ou consolatrices de son passage.
Laurence Freeman o.s.b., extrait de Jésus, le maître intérieur, « L’Esprit », Albin Michel, 2002, p. 235-236.
(1) L’auteur a mis l’Esprit au féminin.
http://seraphim.over-blog.com/article-l-esprit-au-feminin-102319011.html
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