lundi 17 octobre 2011

UNE MERE -LINDA LEMAY

 UNE MERE



Ca travaille à temps plein, ça dort un œil ouvert
C’est de garde comme un chien
Ca court au moindre petit bruit, ça se lève au petit jour
Ca fait des petites nuits.
C’est vrai, ça crève de fatigue
Ca danse à tout jamais une éternelle gigue
Ca reste auprès de sa couvée
Au prix de sa jeunesse, au prix de sa beauté
Une mère
Ca fait ce que ça peut, ça ne peut pas tout faire
Mais ça fait de son mieux.
Une mère,
Ca calme des chamailles
Ca peigne d’autres cheveux que sa propre broussaille
Une mère
C'est plus comme les autres filles
Ca oublie d'être fière
Ca vit pour sa famille
Une mère,
Ca se confine au bercail
C'est pris comme un noyau
dans le fruit de ses entrailles
Une mère
C’est là qu’ça nous protège
Avec les yeux pleins d’eau, les cheveux pleins de neige
Une mère
A un moment, ça se courbe, ça grince quand ça se penche
Ca n’en peut plus d’être lourde
Ca tombe, ça se brise une hanche
Puis rapidement, ça sombre
C’est son dernier dimanche
Ca pleure et ça fond à vue d'oeil
Ca atteint la maigreur des plus petits cercueils
O bien sûr, ça veut revoir ensemble
toute sa progéniture entassée dans sa chambre
Et ça fait semblant d’être encore forte Jusqu’à ce que son cadet ait bien refermé la porte
Et lorsque, toute seule ça se retrouve
Ca attend dignement que le firmament s’entr’ouvre
Et puis là, ça se donne le droit
De fermer pour une première fois les deux yeux à la fois


LINDA LEMAY

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