dimanche 19 octobre 2014

LE SILENCE

Angélus Silesius, dans le Pèlerin Chérubinique, écrivait magnifiquement que « le Diable n’entend rien que le tonnerre, le tumulte, les craquements. Ainsi, peux-tu joyeusement le rendre fou par ta douceur ». Récemment, je rencontrais une proche dans un hôpital qui me confiait : « Il y a peu d’oreilles qui écoutent. » J’ai pris conscience que lorsque je visite une connaissance, la peur ou la gêne me pousse à meubler. Je parle du temps ou de l’actualité pour ne pas affronter un instant sans rien dire. Mais la météo ou le cours du monde peuvent vraiment nous priver de rejoindre l’essentiel.

Au fond, c’est cela qui est difficile. Il ne s’agit même pas de faire silence, mais juste d’être dans le silence à deux. Mais osons-nous aller jusqu’au bout et congédier, pour un moment, les mots, les bruits, voire peut-être notre propension à avoir une réponse à tout ?

L’exercice spirituel est simple. Le portable, le téléphone, engins qui nous font d’ordinaire beaucoup parler, peuvent même devenir des instruments de notre pratique, un terrain d’entraînement en somme pour cultiver une cure d’écoute.

Vaste programme, dont voici une prescription pour le débutant que je suis : respirer un bon coup avant de prendre la parole, s’abstenir d’interrompre mon interlocuteur, cesser de plaquer mes préjugés sur l’autre, accueillir paisiblement le silence quand il nous rend visite...

Alexandre  Jollien

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