jeudi 5 mars 2009

CHERCHER LOUANGE...



Duccio-Sienne-Italie

Je réfléchis, je réfléchis énormément.
je suis devant ta mort comme devant une énigme,
une pensée dont je ne sais trop ce qu'elle contient
de tendre et de terrible.
Je devine que je n'ai pas le choix
et que pour mettre la main sur le tendre
il me faudra aussi accueillir le terrible.
Tu ne m'as jamais rien donné que de noble et de pur,
j'écris comme tu m'as appris à le faire:
je cherche matière de louange partout,
même dans le pire.

Christian Bobin-La plus que vive-p18


........la mort te saisit par les cheveux, tu crois te plaindre d'une migraine,
tu crois dire quelque chose d'anodin et tu tombes, une pluie d'étoiles rouges
partout dans le cerveau, rupture d'anévrisme c'est ce que disent les médecins
c'est leur nom pour dire l'indicible, cette soudaine hémorragie de force
dans le corps de ceux qui t'aiment-le sang qui ne coule plus dans les veines des morts,
ce sont les vivants alentour qui le perdent.

Tu n'as pas eu le loisir d'être malade, la mort est descendue sur toi sans prévenir
comme l'aigle noir de la chanson de Barbara, tu aimais bien cette chanteuse,
tu aimais cette voix insouciante, libre et amoureuse (p11-12)

Tu as un visage paisible, les yeux fermés comme au plus fort d'un songe,
au bord de résoudre un très ancien problème (p44)

La vie n'est pas chose raisonnable.
Elle n'est rien de prévisible ni d'arrangeant.
Elle fond sur nous comme le fera plus tard la mort,
elle est affaire de désir
et le désir nous voue au déchirant et contradictoire.
Ton génie est de t'accomoder une fois pour toutes
de tes contradictions,
de ne rien gaspiller de tes forces à réduire ce qui ne peut l'être. (p61)

Christian Bobin-La plus que vive-extraits-Gallimard





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