Cette tapisserie n'est jamais terminée. Nous en déchiffrons le mouvement imperceptible : comme le friselis de l'eau d'un lac, comme le passage insensible du bouton à la fleur, le travail de Dieu la transforme sans cesse. Ne la vit pas celui qui, orgueilleux, se ferme à la beauté du monde. Malheur à lui : la tapisserie devient de plus en plus lourde à porter, nul ne peut en alléger le poids, ni Dieu, ni ami, ni amour. Il marche, tête courbée, épaules voûtées, regard tourné vers le sol.
Mais ceux qui ont le cœur pur, ceux qui laissent chaque instant les transformer, ceux qui disent oui aux cadeaux du monde... pour ceux-là, Dieu tisse dans le tissu le plus fin, le plus impalpable, tissu d'amour, tissu de don. Il y entre mille brins d'herbe dont la rosée rafraîchit les jours trop lourds, mille aubes pour éclairer les instants de nuit profonde, mille gouttelettes de pluie irisées et mille sourires pour nous accompagner quand le chemin est trop abrupt.
Joshin Luce Bachoux-nonesse bouddhiste-d'après une légende indienne
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