mardi 13 décembre 2011

GREGOIRE DE NYSSE-CONTRE L'ARGENT

 Pour toi, à qui ma voix s’adresse, qui que tu sois, déteste un vil trafic ; tu es humain, aime tes frères, et non pas l’argent : ne franchis pas cette limite du péché. Dis à ces intérêts qui te furent si chers la parole de Jean Baptiste : “Race de vipères, fuyez loin de moi ; vous êtes les fléaux de ceux qui possèdent et de ceux qui reçoivent ; vous donnez un instant de plaisir, mais ensuite votre venin met dans l’âme l’amertume et la mort ; vous barrez le chemin de la vie ; vous fermez les portes du royaume ; vous réjouissez un moment l’œil de votre vue, l’oreille de votre bruit, puis vous enfantez l’éternelle douleur.” Dis ainsi, et renonce à l’usure et aux intérêts ; embrasse les pauvres de ton amour, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi. C’est la pauvreté qui le fait te supplier et s’asseoir à ta porte ; dans son indigence, il cherche un refuge auprès de ton or, pour trouver un auxiliaire contre le besoin ; et toi, au contraire, toi l’allié tu deviens l’ennemi ; tu ne l’aides pas à s’affranchir de la nécessité qui le presse, pour qu’il puisse te rendre ce que tu lui auras prêté, mais tu répands les maux sur celui qui en est déjà accablé, tu dépouilles celui qui est déjà nu, tu blesses celui qui est déjà blessé, tu ajoutes des soucis à ses soucis, des chagrins à ses chagrins : car celui qui prend de l’or à intérêt reçoit sous forme de bienfait des arrhes de pauvreté, et fait entrer la ruine dans sa maison. Quand le malade, dévoré par la chaleur de la fièvre, en proie à une soif ardente, ne peut s’empêcher de demander à boire, celui qui par humanité lui donne du vin le soulage un moment tandis que la coupe se vide, mais au bout de peu de temps, la fièvre, à cause de lui, redouble de violence ; de même celui qui tend à l’indigent un or gros de pauvreté ne met pas un terme au besoin, mais aggrave le malheur.
Grégoire de Nysse - contre les usuriers

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