jeudi 1 avril 2010

PAQUES


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La vie et la mort, la souffrance et la joie, les ampoules
des pieds meurtris, le jasmin derrière la maison,
les persécutions, les atrocités sans nombre, tout, tout est
en moi et forme un ensemble puissant.

Je l'accepte comme une totalité indivisible
et je commence à comprendre de mieux en mieux
pour mon propre usage, sans pouvoir encore
l'expliquer à d'autres, la logique de cette totalité.
Je voudrais vivre longtemps pour être en mesure
un jour de l'expliquer ...

J'ai réglé mes comptes avec la vie, je veux dire
l'éventualité de la mort est intégrée à ma vie:
regarder la mort en face et l'accepter comme
partie intégrante de la vie,
c'est élargir cette vie.

A l'inverse, sacrifier dès maintenant à la mort
un morceau de cette vie, par peur de la mort
et refus de l'accepter, c'est le meilleur moyen
de ne garder qu'un pauvre petit bout de vie mutilée
méritant à peine le nom de vie.

Cela semble un paradoxe: en excluant
la mort de la vie on se prive d'une vie complète
et en l'y accueillant on élargit et on
enrichit sa vie.



ETTY HILLESUM + Auschwitz
Une vie bouleversée-collection Points
Extrait trouvé dans "L 'absurde et la grâce"
Jean -Yves Leloup p 286


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