quand on est parti d'un grand éclat de rire
en récapitulant la farce de sa vie, on est tenté de s'abandonner,
sans plus,
à une carrière de clown pour laquelle après tout on semble assez doué.
On serait volontiers tenté de penser que cela n'a pas grande importance
et qu'à côté
des sublimes,
des forts,
des saints,
il y a place
pour des pîtres et des guignols et qu'ils ne gênent guère Dieu.
Ce n'est certes pas très exaltant, mais ce n'est pas non plus
très fatiguant et c'est encore un avantage.
C'est alors qu'il faut nous souvenir
que Dieu ne nous a pas créés pour de l'humour
mais pour cet amour éternel et terrible
dont il aime tout ce qu'il crée depuis toujours.
C'est alors qu'il nous faut l'accepter, cet amour
non plus pour en être le partenaire splendide et magnanime
mais le bénéficiaire
imbécile
sans charme
sans fidélité fondamentale.
Et dans cette aventure de la miséricorde,
il nous est demandé
de donner jusqu'à la corde ce que nous pouvons,
il nous est demandé de rire quand ce don est raté,
sordide, impur,
mais il nous est demandé aussi
de nous émerveiller avec des larmes de reconnaissance
et de joie,
devant cet inépuisable trésor
qui du coeur de Dieu coule en nous.
A ce carrefour du rire et de la joie s'installera
notre paix inconfusible!
Extrait de Humour dans l'amour, Madeleine Delbrêl, Nouvelle Cité, Paris, avril 2005, p.25-27
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