dimanche 10 mai 2009

JE NE VOUS LAISSERAI PAS ORPHELINS...


Cet état exceptionnel dura tout le jour et une partie de la nuit. II m'avait définitivement marqué. J'avais vécu ce dont ont témoigné, à travers tous les siècles, des hommes qui, une fois, à un moment quelconque de leur vie, ont vécu une expérience. Elle les a frappés comme l'éclair et les a liés pour toujours au courant de la vraie Vie. Ou plutôt elle leur a rendu perceptible la source d'un grand bonheur et en même temps de la souffrance que l'on éprouve quand ce courant est interrompu. Mais c'est aussi une expérience inséparable d'un engagement sur la voie intérieure. Répétée ensuite à plusieurs reprises bien qu'avec moins de force, elle continue, bien des années plus tard, à servir de point de repère pour indiquer, à moi et à. d'autres, la direction juste de connaissance et de travail. Tout ce que j'ai rencontré depuis s'oriente vers un pôle précis. Que Maître Eckart soit alors entré dans ma vie n'a donc rien d'étonnant. Je ne me séparai plus de ses traités et de ses sermons. Leur contenu était une sorte d'écho multiplié du grand appel qui avait retenti en moi. Aujourd'hui encore, il suffit d'une phrase de Maître Eckart pour que je me sente de nouveau pénétré par un grand courant. Je percevais le même ton, bien que sur d'autres registres, chez Rilke, chez Nietzsche et surtout à la première lecture des écrits bouddhiques. La doctrine de la nature de Bouddha, toujours présente en chaque homme, me parut tout de suite évidente. Déjà à ce moment une question me préoccupait : Maître Eckart, Lao Tseu, Bouddha, la grande expérience qui les avait frappés, n'était-elle pas fondamentalement la même ?
GRAF DURCKHEIM

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