dimanche 10 mai 2009

VOUS N'ETES PAS DU MONDE- ERICH TOLLE

JE NE VOUS DEMANDE PAS DE LES RETIRER DU MONDE MAIS
DE LES GARDER DU MAUVAIS. ILS NE SONT PAS DU MONDE COMME JE NE SUIS PAS DU MONDE St Jean 17, 15-16

Intervieuw Erich Tolle

AC: Voulez-vous dire que l'on a cessé d'avoir une relation égocentrique et matérialiste au monde ?ET: Oui, on cesse de chercher à acquérir un sentiment de soi, un sentiment de soi plus profond, plus accompli. Dans l'état normal de conscience, ce que les individus recherchent à travers leur activité, c'est à être plus eux-mêmes. D'une certaine façon, le voleur de banque recherche cela. Il en est de même pour la personne qui recherche l'éveil parce qu'elle cherche à atteindre un état de perfection, un état de complétude, de plénitude à un moment dans le futur. Elle cherche à gagner quelque chose à travers ses activités. Les gens recherchent le bonheur, mais ce qu'ils recherchent vraiment c'est eux-mêmes ou bien Dieu, cela revient au même. Ils se cherchent, mais ils cherchent là où ils ne pourront jamais se trouver, dans l'état normal de conscience non éveillée, parce que l'état de conscience non éveillée est toujours sur le mode de la recherche. Cela veut dire qu'ils sont de ce monde - dans le monde et de ce monde. AC: Vous voulez dire qu'ils projettent dans le temps ? ET: Oui, le monde et le temps sont intrinsèquement liés. Lorsque toute recherche de soi dans le temps cesse, alors on peut être dans le monde sans être de ce monde. AC: Que voulez-vous dire exactement lorsque vous dites que la finalité du monde se trouve dans la transcendance de celui-ci ?ET: Le monde promet la plénitude quelque part dans le temps ; et on assiste à un mouvement continuel à la poursuite de cette perfection dans le temps. A de nombreuses reprises, on pressent qu'on est enfin arrivé et puis on se dit que non, finalement ce n'est pas encore ça, et on continue la course en avant. C'est exprimé merveilleusement dans le livre A Course in Miracles où il est dit que le dictât de l'ego est " Cherche mais ne trouve pas. " Les gens recherchent leur salut dans le futur mais le futur n'arrive jamais. Ultimement, donc, la souffrance surgit du fait qu'on ne trouve pas, et c'est le début de l'éveil lorsqu'on commence à pressentir qu'on s'est trompé de direction et qu'on n'atteindra peut-être jamais ce que l'on s'efforce d'atteindre ; que peut-être cela ne se situe pas du tout dans le futur. Après s'être égaré dans le monde, soudain, du fait de la pression exercée par la souffrance, on commence à comprendre qu'on ne trouvera peut être pas les réponses qu'on recherche au dehors, à travers la réussite terrestre et dans le futur. Pour beaucoup de personnes, il est important d'en arriver là, à ce moment de crise profonde où le monde tel qu'on l'a connu, et le sentiment de soi qui est identifié au monde, perdent toute signification. C'est ce qui m'est arrivé. J'étais à deux doigts du suicide, et puis quelque chose d'autre s'est produit, la mort du sentiment de moi qui vivait à travers des identifications, identifications avec mon histoire, avec les choses autour de moi, avec le monde. A ce moment, quelque chose a émergé en moi qui était une sensation profonde et intense d'immobilité, de vie et d'être. Plus tard, j'ai appelé cela " présence ". J'ai réalisé qu'au delà des mots cela est ce que je suis. Mais cette réalisation n'était pas un processus mental. J'ai compris que cette immobilité profonde et si vibrante de vie est ce que je suis. Des années après, j'ai appelé cette immobilité " conscience pure ", alors que tout ce qui n'est pas cela est conscience conditionnée. Le mental humain est la conscience conditionnée ayant pris forme en tant que pensée. La conscience conditionnée est le monde créé par le mental conditionné. Tout est notre conscience conditionnée. Même les objets. La conscience conditionnée a pris naissance en tant que forme pour ensuite devenir le monde. Se perdre dans le conditionné semble être nécessaire aux êtres humains. Cela semble faire partie de leur chemin que de se perdre dans le monde, de se perdre dans le mental qui est la conscience conditionnée. Par la suite, du fait de la souffrance qui découle de ce que l'on est perdu, on découvre l'inconditionné en tant que soi-même. C'est pour cela qu'on a besoin du monde pour le transcender. Je suis donc infiniment reconnaissant d'avoir été perdu. Au bout du compte, la finalité du monde, c'est de nous y perdre, d'y souffrir, de créer la souffrance qui semble être nécessaire pour que l'éveil se produise. Et puis, lorsque l'éveil survient, on réalise en même temps que la souffrance n'est désormais plus nécessaire. On a atteint la fin de la souffrance parce qu'on a transcendé le monde. C'est cette position qui est libre de la souffrance. Tout le monde semble suivre cette voie. Ce n'est peut-être pas le chemin de tout un chacun dans cette vie mais cela semble être la voie universelle. Même sans un enseignement ou un enseignant spirituel, je pense que tout le monde y parviendrait au bout du compte. Mais cela pourrait prendre du temps.AC: Très longtemps.ET: Bien plus que cela. L'enseignement spirituel est là pour faire gagner du temps. Le message primordial de l'enseignement est que vous n'avez plus besoin de temps, que vous n'avez plus besoin de souffrir. Je dis à ceux qui viennent à moi : " Vous êtes prêt à entendre ce que je vous dis parce que vous l'écoutez. Il y a encore des millions de personnes au dehors qui ne l'écoutent pas. Ils ont encore besoin de temps, mais je ne m'adresse pas à eux. Vous entendez que vous n'avez plus besoin de temps, que vous n'avez plus besoin de souffrance. Vous faisiez votre recherche dans le temps et vous cherchiez encore plus de souffrance. " Le fait d'entendre soudain que " vous n'avez plus besoin de cela " peut être, pour certains, le moment de la transformation.Ainsi, la beauté de l'enseignement spirituel est qu'il économise des vies entières de...AC: ... souffrance inutile. ET: Oui. Il est donc bon que les gens soient égarés dans le monde. J'adore aller à New York et Los Angeles ou il semble que les gens soient totalement impliqués. Je regardais par la fenêtre pendant une réunion à New York. Nous étions à proximité de l'Empire State Building. Tout le monde se précipitait dans tous les sens, courant presque. Les gens semblaient être dans un état d'intense tension nerveuse, d'anxiété. C'est de la souffrance, en réalité, mais ce n'est pas reconnu comme de la souffrance. J'ai pensé alors : où courent-ils tous comme ça ? Bien évidemment, c'est vers l'avenir qu'ils se précipitent ainsi. Ils ont besoin d'aller quelque part qui n'est pas ici. Un point dans le temps : pas maintenant, mais plus tard. Ils courent vers un plus tard. Ils souffrent sans même le savoir. J'aurais pu me dire " Mon Dieu, mais pourquoi ne se rendent-ils pas compte ? ", mais non, j'avais même de la joie à les regarder. Ils sont sur leur chemin spirituel. A ce moment, c'est cela leur chemin spirituel, et cela fonctionne à merveille. AC: Souvent, le terme " éveil " est interprété comme la fin de la division au sein du moi et la découverte simultanée d'une perspective ou façon de voir qui est intégrale, complète, ou libre de la dualité. Certains, qui ont fait l'expérience de cette perspective, disent que la réalisation ultime est qu'il n'y a pas de différence entre le monde et Dieu ou l'Absolu, entre le Samsara et le Nirvana, entre le manifesté et le non-manifesté. Mais d'autres disent qu'en fait, la réalisation ultime est que le monde n'existe pas du tout, qu'il n'est qu'une illusion, vide de sens, de signification et de réalité. Dans votre expérience, le monde est-il réel ? Est-il irréel ? Ou les deux à la fois ?ET: Même lorsque je rencontre des gens ou que je me promène dans la ville, faisant des choses ordinaires, le monde m'apparaît comme des frémissements à la surface de l'être. Au dessous du monde des perceptions sensorielles et de l'activité mentale, il y a l'immensité de l'être. Il y a une vaste étendue, une vaste immobilité, et une petite activité frémissante à la surface, qui n'est pas séparée, tout comme les vagues ne sont pas séparées de l'océan.Je ne perçois donc aucune séparation. Il n'y a pas de séparation entre l'être et le monde manifesté, entre le manifesté et le non-manifesté. Mais le non-manifesté est tellement plus vaste, profond et grand que ce qui se passe dans le manifesté. Chaque phénomène dans le manifesté est de si courte durée et si fugutif qu'effectivement, dans la perspective du non-manifesté qui est l'être ou la présence au-delà du temps, on peut presque dire que tout ce qui se produit dans le domaine du manifesté ressemble à un jeu d'ombres. C'est comparable à de la vapeur ou de la brume, où de nouvelles formes surgissent et disparaissent sans cesse. Pour celui qui est profondément enraciné dans le non-manifesté, le manifesté pourrait très facilement être qualifié d'irréel. Je ne le qualifie pas d'irréel car il ne m'apparaît pas comme étant séparé de quoi que ce soit. AC: Donc, il est réel ?ET: Tout ce qui est réel est l'être lui-même. Seul existe la conscience, la conscience pure.
[page suivante]

Aucun commentaire:

Membres

Archives du blog