jeudi 14 janvier 2010

LA COURSE A L'EMPLOI


FOLON

Pour la génération 68, notre société
était la terre promise et non désirée.
Pour la génération 96, elle est la terre
désirée et non promise.
Je n'oublie pas un instant que pour des milliers
de jeunes le monde d'où je parle est aussi fermé
qu'un château fort au pont-levis dressé, à la herse
abaissée. Je n'oublie pas tous ceux qui tombèrent
des murailles et s'entassent laissés pour compte
dans le fossé et sur les terrains vagues.

Dans les années 80 les détenteurs d'un parchemin
étaient exigeants, ils n'acceptaient que des emplois
de cadre à leur convenance.
Ces prétentions se sont effondrées dans les années 90
laissant la place à la ruée sauvage sur toutes les places
disponibles.
A tous les niveaux et à tous les prix.

Dans cette mêlée confuse les diplomés restent
mieux armés, c'est vrai, mais pour décrocher
des jobs qu'en d'autres temps ils eussent dédaignés.
On ne compte plus les titulaires de maîtrise,
de doctorats qui vendent des livres ou des pizzas,
qui font les courses ou le gardiennage, brefs
qui piquent les boulots des non-bacheliers.

Cinq années d'études à l'université pour un
emploi précaire, sous-qualifié.
Voilà ce que vaut un diplôme universitaire banal
aujourd'hui.
Cette dégradation qualitative échappe aux statistiques
officielles, qui pour le moment ne prennent pas
en considération la nature du travail.
Les diplômés n'ont maintenu leur avantge comparatif
qu'en investissant la seconde division.
Du coup les moins instruits se trouvent refoulés
vers les terrains vagues de l'exclusion.
Quand les secrétaires auront un doctorat, les balayeurs
un baccalauréat, que restera-t-il aux 20% de non-bacheliers?

Le bonheur d'apprendre et comment on l'assassine
François de Closets
France Loisirs

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